L'influence est l'arme de guerre silencieuse de l'intelligence stratégique. Le but, déjouer le concurrent et le vaincre, agir sur le comportement du consommateur, fasciner l'électeur, changer la perception du juge, modifier le paradigme de pensée de la foule, etc. L'influence est présente dans tous les domaines, économique, politique, culturel, social, manageriel, et relationnel.

Souvent confondue avec le lavage de cerveau, la programmation ou la persuasion, l'influence s'en démarque par la manière subtile dont use celui qui influence pour amener sa cible à modifier ses fondamentaux par sa propre volonté, sans coercition, sans menace et sans violence. Le charisme, l'omnipotence, la raison, l'art du discours sont le propre de celui qui influence. Ce dernier doit aussi détenir un savoir ou des connaissances larges et variées, bien connaitre sa cible et l'effet désiré de son influence. Comme disait Oscar Wilde, on a le droit de juger un homme à l'influence qu'il exerce sur ses amis.

L'influence se distingue de la manipulation, car si cette dernière est catégoriquement immorale, utilisée par le manipulateur pour servir ses propres intérêts et a des effets négatifs sur le manipulé, l'influence peut avoir des effets positifs comme négatifs et elle peut être exercée de manière directe ou indirecte. 

De l'influence directe de grandes personnalités sur leurs communautés, véhiculant des aspirations de liberté et d'égalité à travers l'art du discours et la force de l'argument à l'influence d'autres semblables portant des messages annonciateurs d'une déstabilisation menaçante de l'ordre et des valeurs démocratiques.

Dans le monde de l'entreprise, la clé du pouvoir des dirigeants réside dans l'influence et non dans l'autorité (Kenneth Blanchard)[1]. En externe, cette influence s'exerce sur les politiques publiques en passant par des réseaux interpersonnels où les cadres intermédiaires des entreprises et les représentants de l’Etat interagissent pour une définition concrète de la politique publique qui favorise les grands groupes.

Dans la concurrence, la communication se fait pilier de l’intelligence économique. Pour défendre sa part de marché, on fonde sa légitimité sur la qualité des réponses à des problématiques spécifiques. Fini les faux arguments et les mensonges. On sort donc là d’une perception noire ou grise de l’influence pour entrer dans un champ où l’on voit s’ajointer influence et communication (JuilletAet Racouchot B.)

Dans le monde politique, il est une influence secrète dont Kati Marton nous invite à découvrir dans une analyse des liens au sein des couples présidentiels durant leur séjour à la Maison-Blanche. Ces premières dames qui exercent leur influence dans l'ombre, font avancer les grandes causes, basculent parfois l'Histoire et influencent  l'opinion publique par le jeu dela preuve sociale : quand les individus sont incertains,ils vont regarder les comportements des autres ou écouter les autres pour déterminer les leurs.

L'influence des médias a pris une large place partout dans le monde, elle représente un pouvoir sur toutes les tranches de la société. Les médias définissent ce qui est important à savoir pour les individus et ce qui ne l'est pas, ce qu'il faut accepter et ce qu'il ne faut pas. Ils véhiculent des valeurs, des modes de pensées et des habitudes profitant de l'individualisme dans lequel nos sociétés s'enfoncent. Certains médias usent de leur influence pour permettre à des particuliers et à des groupes de duper les populations en se montrant dans des rôles caritatifs et humanistes mais qui en fin de compte ne sont qu'un voile pour servir leurs propres intérêts.  

Quelques références: 

Cialdini, R. (1984).Influence et Manipulation : Comprendre et Maîtriser les mécanismes et les techniques de persuasion. Editions First.

Juillet, A. et Racouchot, B. (2012). L’influence, le noble art de l’intelligence économique, Revue Communication et organisation, pp 161-174.

Marton, K. (2010). Femmes d'influence. Editeur Tchou.

Pelletier, A. et Cuenot, P. (2013). Intelligence économique, mode d'emploi. Edition Pearson.

[1] cité dans Pelletier, A. et Cuenot, P. (2013). Intelligence économique, mode d'emploi. Edition Pearson.

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