
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« Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse de distinguer l’un de l’autre ». disait le philosophe Stoïcien Marc-Aurèle. Prédisait-il qu’un jour l’humanité ferait face à quelque chose qui échappe complètement à son contrôle, démunie face aux aléas de la nature ?
Lâcher prise. On n’aura jamais autant apprécié la valeur intrinsèque de ce mot qu’en ces moments particulièrement inconfortables. Assignés à résidence, cette situation « d’enfermement » est vécue différemment par les uns et les autres : le lieu de résidence, sa superficie et d’autres paramètres sociaux pèsent sur la supportabilité de l’enfermement. Néanmoins, il semblerait que la durée prolongée du confinement nous a amené, chacun d’une manière ou d’une autre à « composer » et à expérimenter sans que nous le sachions peut-être, la notion de lâcher prise.
Qu’est-ce donc que le lâcher prise ? Et de quelles vertus peut-il nous gratifier ?
La notion nous parviendrait de la tradition Hindoue et signifierait l’action de complètement s’abandonner. Épictète quant à lui définit le lâcher prise comme suit : « Ne cherche pas à faire que les événements arrivent comme tu veux, mais veuille les événements comme ils arrivent, et le cours de ta vie sera heureux. ». Le lâcher prise serait donc une invitation à l’acceptation des événements tels qu’ils se présentent à nous et non comme nous voudrions qu’ils soient.
Ceci étant, beaucoup de chercheurs et d’écrivains notamment le psychiatre Christophe André insistent sur le fait que lâcher prise n'équivaut pas à une résignation béateà la réalité mais l’acceptation d’avoir moins d’emprise sur elle. L’acceptation que nous ne pouvons pas tout faire, tout gérer et tout contrôler. « Que le désir et l’incertitude sont inhérents au monde vivant et mobile auquel nous appartenons. Que si on n’apprend pas à les tolérer, on va avoir une existence drôlement fatigante ». (André, 2012 : 61).
Dans ce couple lâcher prise, il y’a le verbe lâcher et toute la symbolique qu’il encapsule. L’acte de jeter quelque chose, de desserrer toute tension par rapport à des situations exogènes souvent source d’agitations intérieures, d’émotions douloureuses ou d’agacement.
Et si le lâcher prise était l’acte le plus courageux que nous puissions nous accorder aujourd’hui face à l’incertitude de cette pandémie, face aux projections et ruminations qui en émanent ? Et si emprunter ce chemin certes semé d’embûches promettait à chacun de goûter au sentiment de plénitude et de liberté intérieure. Qu’en dites-vous ?
Pour aller plus loin :
André, Christophe, Sérénité, 25 histoires d’équilibres intérieures. Editions Odile Jacob, 2012, 157p.
Lenoir, Frédéric, Petit traité de vie intérieure. Editions Pocket, Paris, 2012, 178p.
Entretien avec Laurent Gounelle : Epictète m’as appris à lâcher prise. https://www.neobienetre.fr/epictete-ma-appris-a-lacher-prise/ http://jumpforme.eu/my-career/work-life-balance/2013/05/06/un-penseur-cle-en-cinq-citations-epictete-ma-appris-a-lacher-prise-2/
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Salma Belkebir est Architecte diplômée de l’École Nationale d’Architectur...
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