abécédaire pour penser autrement : Confinement
Le confinement fait référence à la situation de se retrouver à l’intérieur d’un lieu sans possibilité de le quitter. Dans certaines circonstances, c’est presque une mise en détention. Les précédents historiques sont nombreux. Au 14ème siècle on a interdit de manière définitive aux lépreux les villes pour éviter la contagion de la population. En Italie on a utilisé la mise en quarantaine pour faire face à l’épidémie de la peste. La notion de la quarantaine remonte au Vème siècle avant Jésus Christ. A cette époque, Hippocrate, constate que les maladies aiguës durent en moyenne 40 jours, avant l’apparition des premiers symptômes de la guérison. Cette constatation aurait été ainsi à l’origine de la pratique de la mise en quarantaine.
Le confinement actuel,associé au Covid-19, touche de manière partielle ou totale trois milliards de personnes et affecte 1,5 milliard d'élèves et 63 millions d'enseignants avec la fermeture des écoles dans 191 pays. Selon l’OIT, les mesures de confinement touchent 2,7 milliards de travailleurs, environ 81 pour cent de la main-d’œuvre mondiale(début avril). Des « records » jamais égalés ! Le confinement se distingue par le fait que la population est à la maison, dans des situations difficiles ou de confort variable en fonction de la situation économique des gens. La population accepte plus ou moins cette contrainte pour se protéger contre le virus. Le confinement constitue une protection, surtout en l’absence du traitement médical, du vaccin et de la non préparation des systèmes de santé pour faire face à la Pandémie. Cependant, la minimisation du risque qu’il procure a un coût énorme. Ce qui se manifeste par une limitation drastique des libertés individuelles et collectives (mobilité, séparation des proches, rencontres, voyage, travail…). En outre, les pouvoirs publics ont tendance à prendre des décisions majeures de manière discrétionnaire sans consultations ni référence aux institutions…qu’ils justifient par l’impératif de « la sécurité sanitaire »,par la sauvegarde des vies humaines et l’urgence !
Le coût du confinement est aussi gigantesque sur le plan économique : baisse drastique de la production, augmentation astronomique du chômage. Face à cette situation le monde est coupé en deux : ceux qui veulent ouvrir l’économie coûte que coûte et ceux qui considèrent que la sortie du confinement doit-être maîtrisée et conduite dans le respect de la santé publique.
Sur le plan symbolique, le confinement fait appel à notre histoire personnelle, la plus archaïque et inconsciente. Le plus grand confinement que vivent les être humains est celui de la grossesse. Durant celle-ci nous sommes pris en charge pendant plus ou moins 9 mois : sécurité, alimentation et « logement ». L’accouchement est un choc, une rupture qui est amorti par le lien maternel, l’affection (ou non), l’allaitement…le sevrage qui prend beaucoup de temps ou ne se concrétise jamais. Est-ce qu’il ya un parallèle entre le confinement réel, justifié par le risque du Coronavirus, et le confinement inconscient par lequel (entant que fœtus) nous sommes passés? Si mise en parallèle il ya, elle se situe à un niveau symbolique et des déterminants profonds de la vie et du relationnel (le lien physique direct). Il ya l’insécurité et les risques réels, manipulésou imaginaires, il ya les craintes associées à la sortie, la délivrance avec plus ou moins de risques… Le virus et la solution du confinement ont mis des centaines de millions de gens dans l’insécurité économique et psychologique et en quelque sorte dans la privation et la dépendance.
L’intervention à très grande échelle des Etats (Rôle du père ou de la mère protecteurs : en arabe le terme daoula est au féminin) pour soutenir, protéger…mais aussi pour réguler, imposer des contraintes d’exception….Cet Etat protecteur peut aussi se transformer en Etat autoritaire (si ce n’est déjà le cas),sous le prétexte d’éviter l’insécurité collective…Et à la place de la Re-naissance qui suppose des réformes structurelles, équilibrées et justes, il nous imposera un confinement des libertés et des droits humains et l’évaporation de l’aspiration pour un monde meilleur.
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Azeddine Akesbi
Professeur d'économie, il est consultant, expert spécialiste en éducation...
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