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Abécédaire pour penser autrement : Masque
• Le mot masque représente un visage (persona en latin) fabriqué à partir de différentes matières dans le but de se déguiser. Son étymologie remonte au mot arabe « maschera » avec le sens de mascarade, plaisanterie ou encore de personne masquée.
Avec le coronavirus ou covid-19, nous sommes passés du masque-déguisement au masque-barrière. D’élément de dis-simulation et de jeu, il devient un élément sanitaire de protection. Il protégeait de la pesanteur de la vie en encourageant le jeuet le plaisir du moment. Aujourd’hui, il intègre un nouveau paramètre : se protéger est une nécessité pour nous et pour les autres. On oppose à la mort le désir de vivre.
Enfin, il faut évoquer aussi le masque des intérêts en coulisse concernant la thérapie à adopter.
• Face à l’ennemi couronné, Coronavirus, qui impose sa loi et génère une angoisse générale, plusieurs gestes-barrières de survie ont été imposés. Parmi eux, le masque, accessoire des super-héros invincibles.
Le masque, en couvrant une partie du visage transforme le corps en langage, grâce à la voix, à la gestuelle et au regard décrit par Platon comme étant le miroir de l’âme. Les yeux nous permettent d’aller vers l’autre, au-delà de son Être et de son apparence sociale.
Il complète l’abandon de l’accolade, de la poignée de main et de la bise. De ce fait, notre manière de vivre a été modifiée en profondeur ainsi que notre manière d’être. En effet, le civisme et l’humanisme prévalent désormais. On prend soin de soi en respectant des règles strictes dans l’intérêt de tous.
• On masque son visage, mais également son langage. On n’a jamais autant ri que pendant le confinement imposé pour cause de pandémie. Des histoires et des images de la vie simple ou de la politique, originales, insolites, parfois scabreuses.
La feinte du discours-masque permet une mise à distance de la peur vécue au quotidien. L'humour représente toujours un moyen de fuir le déplaisir d'un réel menaçant. Il joue avec les mots, mais également avec la mort. Il transfigure ainsi la difficulté de l'heure par une espièglerie enfantine qui éloigne l’intranquillité ambiante.
Une question reste posée. Personne ne pouvant affirmer la mort certaine du coronavirus, est-on assuré de ne plus porter de masque à l’avenir ?
La distanciation sociale risquant de continuer après le déconfinement bouleversera durablement le lien social. Une rupture culturelle majeure en attendant que le monde soit reconstruit ou, à tout le moins, réparé.
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Anissa BELLEFQIH
1972-1986 : Professeur de français au Lycée El Khansa, puis Ouallad...
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