La passion du manager

Le dernier livre de Jacques Fradin et Frédéric Le Moullec, Manager selon les personnalités, les neurosciences au secours de la motivation (Ed. Eyrolles, 2014), a particulièrement attiré mon attention et a surtout confirmé un changement de paradigme dans la conduite des rapports humains en entreprise, dans le sens d’une meilleure prise en compte des aspects de personnalités et de traits psychologiques chez les ressources humaines. Ce qui est décrit plus spécifiquement dans cet ouvrage est le changement de critères attribués à l’évaluation des ressources humaines. Déjà, chez les recruteurs, la sacrosainte idée selon laquelle la réalisation serait synonyme de compétence, est remise en cause au profit de ce qui compte réellement : la personnalité, les motivations et les passions.

L’approche comportementale et cognitiviste des auteurs, spécialistes en médecine, donne un éclairage profond sur les théories de la motivation en mettant en avant l’adaptation aux traits psychologiques des collaborateurs. Ce qui maintient la motivation dans la durée n’est plus le salaire ou la reconnaissance comme le soutenaient les théoriciens classiques et les tenants de l’école des relations humaines, mais bien la prise en compte des tendances émotionnelles de tout un chacun, et surtout dans des phases de suractivité où le surinvestissement est un facteur qui nous fragilise. Ce qui amène ainsi les auteurs à interpeller les managers sur cet état de fait et d’agir en conséquence, par l’entremise de la connaissance et de la compréhension des invariants de personnalité de ses collaborateurs, afin de s’ajuster lorsque l’émotionnel prend le dessus.

Ce livre présente par ailleurs plusieurs éléments de compréhension du phénomène de la motivation, par ses sources, ou bien la question du management sur mesure, où les managers devraient prôner une approche au cas par cas. Mais, en toile de fond, je retiens surtout l’idée que les passions font l’Homme. Le fait de désapprouver les postulats classiques qui prévalent dans bon nombre d’entreprises aujourd’hui induisant une systématisation de la gestion humaine, revient à réhabiliter l’être humain avec ses désirs, ses rêves et ses déceptions. Renoncer à la marchandisation humaine, c’est réhabiliter la vie tout simplement. D’ailleurs, nous oublions souvent que l’on vit ensemble dans les entreprises. Ce que renseigne aussi ce livre est que ceux qui s’en tirent le mieux dans le monde du travail sont les plus passionnés. Important !

Pour clore ce billet avec un joli mot d’esprit dont j’ai oublié la référence, il est préférable de transformer sa fureur en passion afin qu'elle ne la consume pas