Fictions d’entreprise

Pourquoi l’histoire, le récit pour une entreprise ?

Comme la vie, le récit commence avec l’histoire même de l’humanité. De tous temps, les Hommes ont ressenti le besoin de communiquer en racontant leurs histoires aux autres ou à eux-mêmes. Des histoires qui expriment des épopées, des conquêtes, des combats, des victoires, des défaites, des angoisses existentielles qui ont pu jalonné et jalonnent encore l’Histoire des Hommes. La raison de ce besoin est un des fondamentaux de l’être humain, à savoir la sublimation ou la conjuration de l’angoisse de notre finitude inscrite dans une vie qui continuera après notre mort.

Dans sa puissance, le discours du récit est destiné à un public qui se reconnaît dans les faits ou dans la fiction qui forgent l’histoire,  et ce en déstabilisant, déstructurant, restructurant ou en confortant nos bases cognitives et émotionnelles. Ainsi, le pouvoir fictionnel prend pleinement son sens par la modification des ordres individuels ou sociaux, dans un jeu de miroir entre le narrateur et le destinataire. Car l’auteur, lui-même pris dans son histoire, y met toujours une intention, celle d’informer, de persuader, de procurer du plaisir, de faire (re)vivre des situations etc. Il est mû par le besoin existentiel de raconter, sans pour autant déterminer le chemin de son destinataire, mais tout en suscitant en lui l’émotion, l’imaginaire, la recréation d’un sentiment ou d’une situation qui va (ré)infléchir sa courbe de vie.

L’histoire se répète-telle ? L’oralité a été le véhicule des récits qui ont façonné la vie des Hommes de tous temps, même si elle a perdu quelque peu du terrain au profit de l’écrit et de l’image. Convenons ensemble qu’un conteur d’histoires est un être bourré de talents ! Il doit faire ressurgir les émotions de son auditoire, qui à son tour développe son imaginaire, voyage avec lui pour qu’il puisse modifier les trajectoires identitaires.

Prenons maintenant les histoires et récits d’entreprises. Si ces dernières ont commencé à développer et intégrer le story telling dans leur démarche stratégique, certaines produisent un impact plus fort que d’autres, car elles ont réussi à bien raconter une histoire. Elles ont su capter l’attention, comme les mamans qui jouent au marchand de sable. Et bien c’est un talent que les entreprises doivent développer en leur sein, tant au niveau managérial que communicationnel. Un récit rondement mené induit motivation et appropriation identitaire.

Le collaborateur, en écoutant le récit de vie d’entreprise de son Président/manager/supérieur/collègue, du moment qu’il est touché et concerné, et qu’il sente que cela le tire vers le haut, développera des ambitions de progrès certains. L’un ne va pas sans l’autre. C’est bien l’histoire des Hommes qui font l’entreprise et l’histoire de l’entreprise qui font les Hommes.

Sources de réalisation personnelle et d’épanouissement, mais aussi de conflits ou de souffrances, le travail, la vie professionnelle recouvre une dimension romanesque et devient une source d’identification et d’enseignement pour les salariés, comme pour les acteurs sociaux. C’est à cet effet que le « roman d’entreprise » se développe de plus en plus pour devenir une institution dans la communication, au même titre que l’histoire d’une marque est racontée dans les médias ou dans les ouvrages. Le pouvoir fictionnel et factuel d’un homme, d’une marque, d’une histoire singularise et développe une proximité avec le client, la partie prenante, le collaborateur.

Qui a dit que les littéraires n’ont pas leur place dans une entreprise ?