Comment peut-on évaluer les politiques publiques de lutte contre les inégalités ? Driss Guerraoui considère que le trait le plus marquant de la politique nationale de lutte contre la pauvreté est son caractère éclaté non intégré. Il note aussi qu’un bon nombre de ses programmes sont grevés de déviances très préjudiciables, au regard de l’efficacité de leur impact sur la situation des populations bénéficiaires. Les moyens financiers alloués à ces programmes représentent plus de 50% du budget général de l’État, d’où l’ampleur du gaspillage. Driss Guerraoui note qu’au Maroc l’évolution positive du taux de pauvreté, n’a pas empêché l’accroissement des inégalités entre les couches sociales, les territoires, les sexes, et les personnes à besoins spécifiques (handicapés, personnes âgées, etc.). Ces inégalités ont impulsé un réel blocage en termes de mobilité sociale, notamment pour les jeunes, les classes moyennes et les catégories vulnérables ou pauvres. Pour réduire les inégalités, Driss Guerraoui propose de prendre appui sur la réflexion actuelle du système des Nations Unies concernant la mise en place d’un revenu universel de base. Cet instrument est appelé à remplacer et à compléter les systèmes nationaux de protection sociale existants. D’après lui, cette option offre des perspectives prometteuses. Peut-on dire qu’il existe une véritable stratégie nationale de lutte contre les inégalités au Maroc ? Ou, tout simplement, une certaine prise de conscience qui s’est manifestée par une série de dispositifs d’intervention au détriment de la cohérence et de la convergence des politiques menées dans ce domaine ?