Une formation si peu professionnelle

La question de la formation professionnelle reste à ce jour au Maroc une question munie de paradoxes. A y réfléchir, elle se présente en affaire élitiste qui s’adresse à un public réduit laissant dehors la grande majorité de la population. Même en termes d’organisation le principal outil national qu’est l’OFPPT reste concrètement à ce jour réfractaire aux prérogatives institutionnelles et politiques du pays. C’est un Etat souverain dans l’Etat du royaume du Maroc ! Il se fichait « royalement » de la tutelle soft du ministère de l’Emploi auparavant, mais avec le ministère de l’Education, c’est vraiment le grand écart !

Pourtant le Royaume du Maroc a souscrit aux objectifs du développement durable. Et celui-ci précise à son quatrième point la volonté de parvenir à « l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et la promotion des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Le Maroc a aussi adopté en juillet 2016 une stratégie dite nationale relative au secteur et qui a pour devise : « la formation partout, pour tous et tout au long de la vie ».

Des paroles ; encore des paroles !

Pourtant le pays se trouve aujourd’hui au point où l’école pour tous est encore sous négociation, l’apprentissage quant à lui -est simplement hors portée et sera bientôt strictement une affaire de privés, donc exclusivement des plus nantis !   Ladite stratégie nationale est un texte qui contient de nombreux éléments nouveaux et intéressants, mais sa mise en œuvre reste très désarticulée et prend déjà du retard en termes institutionnels (retard dans la promulgation des lois, réglementations, réorganisations, mises en place de nouvelles structures et la mise en œuvre de tout !). Tout est en standby !

Le plus malheureux dans cette histoire est que la grande cacophonie en matière de politiques publiques se poursuit. Le cas des facultés polytechniques que le ministère de l’enseignement supérieur voudrait instaurer en est une illustration catastrophique. Les élèves des ENSA à travers le pays n’ont repris les études que depuis moins d’un mois et ce, après trois mois de grève (En l’absence d’un véritable dialogue ou débat national sur ce conflit qu’on cherche à régionaliser). Or tout le domaine de l’ingénierie fait partie intégrante d’une certaine vision de la FP, l’y soustraire constitue déjà une option stratégique discutable.

De même se poursuit le retard dans la perception des difficultés et des complexités que représente le sujet de l’apprentissage ; deux exemples en sont aussi la preuve, le premier concerne notre système national aujourd’hui d’une rigidité suicidaire alors qu’il est en ruine ; il a besoin d’être réédifié sur une base fluide de fondamentaux tels les acquis et les compétences. Il y a nécessité d’un régime flexible à tous les niveaux et les domaines, notamment entre système enseignement de base ou supérieur et celui des systèmes moins formels, ainsi qu’avec les différents systèmes d’apprentissage formels et informels, et c’est ainsi seulement qu’il pourrait devenir stimulant pour tous.

Le deuxième exemple concerne les nouvelles technologies et ce qu’elles permettent aujourd’hui comme opportunités en matière de formation. De nombreuses potentialités se forment déjà à domicile dans les domaines du TIC à des niveaux qui mettent au défi les meilleurs diplomations officielles. Cela est déjà opérationnel entre nos nationaux et différents prestataires étrangers . Ce   qui veut dire tout simplement que notre stratégie nationale sur la FP à peine mise sur pied après soixante années de décolonisation, a d’ores et déjà besoin d’une grande mise à jour !    

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