ALERTE sur les alertes

Les sites d’information numériques abusent des alertes. Il arrive qu’une information anodine soit précédée par cette mention « alerte », comme pour s’assurer que dans son survol furtif des titres, le lecteur-usager va prendre le temps de cliquer. C’est cela qui compte, les clics, qui font augmenter les statistiques des producteurs, la preuve par le nombre qu’ils sont éligibles au marché.

Evidemment, les usagers sont à leur tour très demandeurs d’alertes. C’est ainsi que chacun programme sur son espace numérique les informations, les thèmes, les nouveautés dont ils voudraient être mis au courant, vite, dès que c’est dans l’air. L’alerte devient aussi une manière pour plusieurs d’entre nous, pressés, en quête de différenciation, de rester à la page.

Mais les plus grosses alertes, les plus sérieuses, celles qui bousculent les grandes entreprises, les Etats, les services de renseignement, personne n’est pas prêt à se mouiller pour les préserver. Wikileaks, LuxLeaks, Snowden, Panama Papers, pour ne citer que les cas les plus notoires, sont aujourd’hui des phénomènes médiatiques, que chacun consomme en privé mais que la collectivité rechigne à revendiquer.

Ces fuites, qui jettent en pâture les élites corrompues aux yeux des foules, viennent, aux yeux de l’Establishment mettre à nu vulgairement les failles des oligarchies et ploutocraties en place. Du coup, les législateurs s’ingénient à en limiter les effets. La dernière loi votée par les députés européens, le 14 avril à Strasbourg, sur « le secret des affaires » oblige les lanceurs d’alerte à prouver l’intérêt public de leurs actes et, au demeurant, les fragilise encore davantage.

Au fond, au-delà du confort des usagers de recevoir des alertes anodines, c’est la capacité des lanceurs d’alerte prenant des risques pour révéler de grosses affaires qui est de plus en plus amenuisée, même au sein des vieilles démocraties. Ces dernières sentinelles qui veillent sur notre capacité à rester des citoyens vigilants sont aujourd’hui le maillon faible que les puissances ciblent.  Autant dire que la dictature soft se mondialise et qu’elle tolère de moins en moins ces libertaires qui empêchent le monde des affaires, sales ou juste susceptibles de l’être, de tourner en rond.

N.B : Ceci est une grosse alerte sur le devenir des lanceurs d’alerte.

 

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