Les Tics du marché de l’emploi

Pendant longtemps  y compris chez-nous, on a cultivé l’idée selon laquelle l’informatique était un eldorado pour les chercheurs d’emploi, et il est vrai que le secteur informatique  marocain dans sa diversité  et dans ses aspects  parfois  informels, continue de fonctionner  à un rythme différent des autres secteurs. Et que  sur l’ensemble, le secteur devra continuer pour une décennie au moins à croitre dans le sillage des besoins des entreprises modernes, Mais qu’en sera-t-il de l’avenir en matière d’expertise informatique  comme marché de l’emploi?  Qu’en est-il aujourd’hui dans le monde ?

En France une fameuse étude[i] publiée en 2011 du cabinet McKinsey, promettait 450 000 créations d’emplois dans le numérique sur la période 2011-2015. A ce jour le secteur  n’a pas dépassé les 60 000 nouveaux emplois. Et s’il est vrai que par rapport aux tendances réelles du marché, l’informatique est un secteur alimenté  principalement par la création nette d’emplois et non par des départs en retraite, on relève que les séniors n’y sont pas recrutés, les femmes non plus n’y trouvent pas leur compte. Les métiers de l’informatique sont parmi ceux qui recrutent le moins de femmes au Maroc comme en France ! Le sexisme est lié probablement à l’organisation de travail dans le secteur qui exclut beaucoup de femmes sous pression des contraintes familiales et sociales, mais pourquoi le jeunisme  des entreprises du secteur ? Les employeurs affirment souvent chercher chez les jeunes un état d’esprit, plus de flexibilité, de la mobilité, la constitution d’équipes homogènes évitant les conflits générationnels. La  raison plus probable est  les salaires : les jeunes coûtent tout simplement beaucoup moins cher !

 

 On est loin du mythe du parcours foudroyant d’un  Bill Gate.Une association d’informaticiens qui dissèque chaque mois les statistiques du secteur français ,(Munci)[ii] rapporte que Il y a deux fois plus d’informaticiens au chômage qu’il y a cinq ans et  que si pour le moment  les jeunes qui ont un bac +3 ou un bac +5, les ingénieurs, n’ont pas trop de souci à se faire. Pour les autres, le chômage augmente fortement depuis 2008. Chez les bac +2 ou +3, le taux de chômage atteindrait 14% de cette catégorie de demandeurs d’emploi.

Certes il y a pénurie de profils très spécifiques qui continuent à s’imposer sur le marché de l’emploi : des développeurs confirmés sur certaines technologies, dans le cloud computing, le big data, la sécurité informatique, l’informatique collaborative, les réseaux sociaux, les applis mobiles... Ceci dit, ces spécialités représentent dans leur ensemble  pour le moment un segment relativement limité  de recrutements par an en France comme ailleurs.

Les ingénieurs systèmes et les administrateurs réseaux vont rester très recherchés pendant quelques années mais on en aura de moins en moins besoin : les réseaux sont de plus en plus auto-administrés. Le numérique détruit ainsi de l’emploi pas seulement hors de son propre champ mais aussi  au sein du numérique.

A lire les rapports de la Munci on se rend compte des similitudes de la situation avec le Maroc  aussi, Quand des SSII [sociétés de services en ingénierie informatique, ndlr] se plaignent d’avoir du mal à recruter, ce n’est pas faux ; mais souvent, aussi,  les offres d’emploi ne correspondent  à aucun poste disponible dans l’immédiat ; les entreprises constituent une provision potentielle avec, pour se préparer  au cas où elles remporteraient un appel d’offres. Il est vrai aussi que de plus en plus de professionnels passent en freelance .C’est aussi une tendance forte à travers le monde.

 

 

[i] http://www.economie.gouv.fr/files/rapport-mckinsey-company.pdf

[ii] interview de Régis Granarolo, président du Munci, dans.Rue89 (http://munci.org/Mieux-connaitre-le-MUNCI)

 

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