Nous sommes tous des Grecs

Si l’on vous dit, répartition inégale des revenus, évasion fiscale, économie informelle significative, travail au noir, nonpaiement des cotisations sociales, recouvrement très partiel de l’impôtpayé très majoritairement par les salariés, recherche de la rente au lieu de la création de richesse et donc culture du fonctionnariat et du clientélisme politique, corruption, surendettement des ménages, spéculation immobilière et foncière effrénée, foncier opaque, oligarchie militaire, dépenses de défense colossales en raison des relations houleuses avec le voisin et ennemi héréditaire... à quel pays pensezvous?... A la Grèce, bien sûr !

La Grèce, cancre de l’Europe, chancre mou qui risque de contaminer ses petits camarades, déjà bien malades de l’UE. Mais laissons de côté l’effet de contagion qui menace l’euro et la construction européenne. Oublions le déficit abyssal de l’Etat, l’explosion de l’emprunt à la consommation publique et privée, la surfacturation des marchés publics, les abattements fiscaux généreux accordés aux entreprises, l’industrie anecdotique, les chiffres truqués pour entrer dans la zone euro, les 250 milliards de subsides européens distribués depuis 1981, soit à peu près la dimension actuelle du problème posé, et regardons un peu les protagonistes de cette tragédie, les Grecs eux-mêmes: comment réagissent-ils face à l’adversité ?

Ils sont à deux doigts de la guerre civile. Chacun prend ce qui l’arrange dans la liste des turpitudes évoquées ci-dessus et nie sa propre responsabilité : les subventions européennes pour la modernisation de l’agriculture ont surtout financé des milliers de 4x4 et autres achats sans rapport avec leur destination première, «c’est la faute aux agriculteurs». Les Grecs ont longtemps ri de cette île de 385 habitants qui comptait 45 instituteurs, «c’est la faute aux fonctionnaires»... Du système bancaire ils n’ont retenu que le crédit à la consommation et à la construction. S’ils sont massivement surendettés, «c’est la faute aux banques». Dans un pays dévasté par l’érosion des sols, on brûle le peu de forêts qui restent, «c’est la faute aux spéculateurs». Les riches, évadés fiscaux... Les sociétés off-shore... L’Etat voyou... Tous ces dérapages accumulés qui minent l’édifice national et que les Grecs se renvoient en plein déni de responsabilité. L’exemple le plus parlant est celui de l’église orthodoxe dont les deniers publics rémunèrent les popes. Jusqu’à maintenant exonérée d’impôts, alors qu’elle possède la majeure partie du patrimoine foncier, un colossal patrimoine immobilier, l’Eglise, enfin sollicitée fiscalement par l’Etat, refuse de participer à l’effort de solidarité nationale.

En bref, quand les responsabilités sont la somme délétère de tant d’égoïsmes accumulés, il faudrait se résoudre à une autocritique collective mais aussi individuelle, honnête et constructive. Emmurés dans le déni de leurs errements et la défense des avantages souvent mal acquis, les Grecs ne sont visiblement pas prêts. Le sommes-nous ?

 

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