Émergences et innovation

Quel nouveau mythe pour le progrès ?

Le vocable « innovation » n’a fait irruption dans le langage que tout récemment. Mais ses réalités tangibles, au sens contemporain que l’on connait, coïncident avec l’avènement du mouvement de la modernité dans les sociétés européennes. Les temps modernes permis par la Révolution industrielle consacreront l’apogée du scientisme et du progrès technique, pourvoyeurs d’innovation.  Cette dernière, foyer structurant de notre ère, ne saurait être comprise que dans la dialectique du changement et de la modernité.

Par-delà l’entreprise modernisatrice

Par-delà l’entreprise modernisatrice

Le transfert potentiel d’une partie de l’autorité et des fonctions régaliennes des États vers les organisations, et graduellement vers les entreprises, est le symptôme d’un changement de paradigme temporel. Lorsqu’il est appréhendé du point de vue de la recherche, il peut induire un transfert de sens, avec ce que cela comporte comme risque de reproduction de vieux atavismes sous des formes nouvelles et séduisantes.

Le sens de la (dé)mesure

Des manifestants du Rif ont été en prison pour avoir exigé bruyamment leur part d’industries, d’universités et d’hôpitaux. Dans l’ensemble du Maroc, 36% des jeunes sont des NEET[1], sans emploi et sans éducation. Et, parmi ceux qui parviennent à décrocher du travail, 70% n’ont pas de contrat. Ces mêmes jeunes sont majoritairement présents sur les réseaux sociaux, prompts à partager leur malaise et, parfois, leur fiel à grande échelle.

Les chiffres, c'est aussi un pouvoir arbitraire

L’une des définitions des régimes hybrides, comme le nôtre, que l’on pourrait appeler également semi-autocratique, est que la règle ne dépend pas de principes fixes mais de contextes mouvants. Par conséquent, les concepts sacro-saints de transparence, du droit d’accès à l’information, de concurrence loyale, quoique inscrits dans les textes ou développés sous forme de procédures, peuvent à tout instant être relativisés, adoptés a minima, voire ignorés, parce que l’intérêt du moment n’y était pas favorable.

Entreprise-cité, le couple improbable

S’il y a une tendance majeure, ayant le vent en poupe sous les auspices d’une mondialisation en crise, c’est bien la confusion des genres entre entreprises privées et politiques publiques. Cela se traduit par le retour de l’autorité des États claironnant le souverainisme ou l’isolationnisme (selon la puissance des uns et des autres). Et cela donne lieu à un vrai-faux désengagement économique des États au profit d’entreprises alliées, de plus en plus mises au devant de la scène publique. En somme, une reconfiguration politique des rapports entre États et entreprises est en cours.

Les jeunes actifs, émancipés et marginalisés

C’est quoi cette manie qu’ont des pays gérés par des vieux à gloser sur les jeunes ? Là où les moins de trente-cinq ans gouvernent, entreprennent, repoussent les limites et mènent les projets individuels et collaboratifs, les jeunes ne sont pas objets de discours mais des sujets de l’histoire. Chez nous, malgré quelques cas balbutiants – pas forcément représentatifs –, les chemins sinueux qu’empruntent les jeunes pour s’en sortir nous demeurent largement méconnus.

Edito 26: Demain, l’entreprise démocratique ?

Le sociologue Alain Touraine, qui vient d’annoncer au monde, tel un oracle, la fin des sociétés déclare à Economia : « Les entreprises devront apprendre à devenir démocratiques ». Voilà qui va à l’encontre de ce qu’on prenait jusque-là pour une lapalissade : « Les entreprises, nous dit-on depuis des décennies, ne sont pas des entités démocratiques ».

Edito 25: Maroc, la presqu’île étoilée

Avec ses deux longues façades maritimes, son interminable corridor à l’Est, bloqué par l’inimitié maroco-algérienne et son mur de sable sécuritaire au Sud, le Maroc ressemble de plus en plus symboliquement à une presqu’île. Au-delà des faits géographiques et données frontalières, la quasi-insularité du Maroc a une résonnance dans les esprits, avec un discours de plus en plus huilé et reproduit par les élites sur « l’exception marocaine », comme seul « rescapé de la région ».

Edito 24: Sortir de la logique de rente...

Circonscrire la logique de rente et réduire les inégalités qui s’ensuivent est sans conteste l’une des demandes pressantes nées du malaise politique de sociétés en transition économique comme la nôtre. Cette exigence, sous-tendant la demande politique de justice et de dignité, fortement verbalisée dans la région arabe dès 2011, traduit un besoin d’équité économique pour pallier les frustrations nées de l’accès de certaines personnes, à partir de positions sociales ou politiques, à des privilèges indus (subventions, crédits, contrats, ressources, agréments).

Edito 23: Et si on se souciait vraiment de l’École ?

Dans l’une des multiples rencontres que nous avons tenues conjointement, le Cesem, centre de recherche de HEM et la Banque mondiale, depuis plusieurs mois sur « la gouvernance du système éducatif », l’un des participants a eu la lumineuse idée de nous dire à peu près ceci : « Nous, membres de ce qu’on appelle communément l’élite, la classe moyenne supérieure et autres cadres bien intégrés, nous sentons-nous réellement concernés par la faillite de l’école ? ».Il entendait par là l’ensemble du dispositif dont notre progéniture est épargnée : les

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