Pour une logistique « Clean » et solidaire

Toute politique ambitieuse est forcément volontariste. L’indice de perception de la corruption pour l’année 2012 classe le Maroc à la 88e place, soit huit places en moins par rapport à l’année précédente. Alors que la nouvelle constitution consacre une institution destinée spécialement à cette lutte, force est de constater qu’on continue à régresser. Nous n’arrivons pas à battre en brèche cette gangrène ! Ledit indice est forgé sur des critères relevant de la loyauté des opérations d’affaires dans un pays donné, notamment le degré d’honnêteté des gouvernements et des administrations publiques dans leurs relations professionnelles avec les entreprises privées, en termes de marchés étatiques et d’environnement favorable à l’exercice équitable et transparent des activités économiques. Vue leur spécificité, les entreprises et les activités logistiques sont probablement les plus exposées aux risques de la corruption chez nous et dans le monde. Et pour cause, les conditions de sécurité et de salubrité des marchandises, en stocks ou en transport, la sécurité et la santé des consommateurs ou usagers de celles-ci, les traversées des frontières des intrants ou des produits finis, l’usage d’infrastructures logistiques, ainsi que les différents types de contrôle, font que ces activités sont en relation directe avec les agents des différentes administrations publiques…

Dans ce palmarès, une remarque cependant : Singapour, classée première en matière de performance logistique cette année, occupe la cinquième place sur cet indice. Le lien est ainsi évident et prouve que le Maroc pourrait mieux entretenir ses ambitions logistiques s’il renforçait avec détermination sa lutte contre la corruption et tous les espaces de l’économie de rente.

Par ailleurs, le maintien du secteur informel dans le domaine logistique condamne tous les efforts déployés et entretient le retard du secteur, le système rentier et la corruption en son sein. Son éradication est primordiale et ne peut avoir lieu qu’avec une mise à niveau vigoureuse mais valorisante. Elle ne peut survenir que si elle est suffisamment attrayante pour les petits opérateurs du formel et de l’informel. Il s’agit d’un autre investissement aussi primordial et urgent que celui des infrastructures et de la formation dans les domaines de la logistique.

N’étant pas une économie pétrolière ou ayant des ressources autres pouvant assurer des revenus durables à ses citoyens, le Maroc doit miser sur les potentiels qu’il pourrait déployer en matière de services et de possibilités d’intégration dans des procès globaux de l’économie mondiale. L’option de mise en place des infrastructures nécessaires à un hub régional aux portes de l’Afrique, de la Méditerranée et de l’Europe est une bonne idée, mais ses conséquences exigent le même courage qui doit prévaloir en matière de réformes politiques. C’est-à-dire qu’il n’est pas possible de continuer à vivre sous un régime bicéphale, ni en matière politique ni économique.

 

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