Marocum disciplina paedagogiam

Le développement pédagogique dans l’enseignement supérieur au Maroc 

Lors de mon dernier post, j’avais promis de revenir avec plus d’infos sur la formation des formateurs dans l’enseignement supérieur. Avec l’aide d’un étudiant de notre centre de recherche, Ayoub Chobah, nous avons mené une petite enquête sur le sujet. Nous avons interrogé quatre professeurs du supérieur tous d’établissements différents, trois enseignent dans le public et un dans le privé. Tous les quatre n’ont jamais suivi d’enseignement spécifique à la pédagogie. Ils ont appris sur le tas ou pour les plus anciens, ont appris des professeurs dont ils étaient les assistants. Toutefois, ils nous ont indiqué quelques pistes pour la suite de l’enquête. Nous avons notamment découvert l’existence de l’antenne marocaine de l’association internationale de pédagogie universitaire (AIPU) qui a organisé le congrès annuel de l’association à Rabat en 2010 et qui semble-t-il organiserait des formations ponctuels à certains enseignants. Leur site ne semble pas très actif mais il a le mérite d’exister.

Par ailleurs, nous avons aussi appris de nos entretiens que certains professeurs de lycée ayant suivi une formation pédagogique finissent par évoluer pour enseigner dans le supérieur, mais cela resterait dans des proportions assez réduites. Bref, notre enquête n’est pas encore aboutie mais il semblerait qu’il n’existe pas de programme de développement pédagogique proprement dit, obligatoire et systématique, pour armer les jeunes professeurs du Supérieur qui se lancent dans une carrière d’enseignement.

Quel est réellement le problème ? En fait, il y en a deux. Le premier est que le taux d’abandon des études supérieures à la faculté au cours de la 1ère année est très important. Les amphis de la 1ère année, se transformant en petites classes dès la 2ème année l’attestent. La qualité de la pédagogie y est probablement pour quelque chose. Le deuxième problème concerne ceux qui restent. Trop de recruteurs, avec lesquels je me suis entretenu, déplorent l’inadéquation entre les formations dispensées dans les établissements d’enseignement du Supérieur et leurs besoins en compétences.

Des chômeurs gueulent devant le parlement pendant que des entreprises peinent à trouver les talents dont ils ont besoin, n’est-ce pas une énorme dilapidation des ressources ?  Mais de quoi ont-ils réellement besoin ? Ils déclarent avoir besoin -hormis les compétences techniques qu’ils tentent de combler tant bien que mal lors de formations continues- de compétences de leadership, d’autonomie, de communication et de prise d’initiatives plus difficiles à acquérir à court-terme. Or, ce n’est certainement pas en prenant des notes assis sur une chaise dans un amphi ou autre, pendant des milliers d’heures, que nos étudiants pourront acquérir de telles compétences. Notre enseignement actuel se base hélas en grande majorité sur la mémorisation (et non la compréhension) de connaissances, celles -ci sont oubliées aussi tôt l’examen terminé. Là réside peut-être le nœud du problème.

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