Sortir de la tyrannie du court terme

Sortir de la tyrannie du court terme

Auteur : Groupe de réflexion dirigé par Jacques Attali

Après l’économie sociale et solidaire, l’économie participative, l’économie d’échelle, la nouvelle économie… Jacques Attali ajoute sa pierre à l’édifice et nous parle d’économie positive !

Mais qu’est-ce donc ? Pour l’auteur, cette désignation correspond à une économie qui prend en considération les générations futures, leurs besoins. Il nous propose de sortir de la préoccupation de l’immédiat pour aller vers le long terme en adoptant une vision générationnelle.

L’économiste nous explique tout simplement qu’il est grand temps d’arrêter de penser à générer seulement de l’argent et nous propose de trouver une place à l’humain. Cette nouvelle économie « vise à réorienter le capitalisme vers la prise en compte des enjeux de long terme. Beaucoup d’initiatives positives existent déjà, de l’entreprenariat social à l’investissement socialement responsable, en passant par la responsabilité sociale des entreprises ou encore le commerce équitable et l’action de l’essentiel des services publics".  Mais ces quelques exemples ne suffisent pas pour nous faire basculer dans l’économie positive. Il faut un véritable mouvement qui va révolutionner notre économie et avant tout cela, il s’agit de changer les mentalités.  

Il nous faudra, d’abord, sortir de l’idéologie des libertés individuelles n’en déplaise à certains ! L’auteur modère ses paroles et explique les dangers de la dictature de la liberté individuelle : celle qui donne le droit de changer d’avis, celle de la précarité, l’instabilité et qui devient au final : l’idéologie de la réversibilité et même celle de la déloyauté. C’est ce que l’on constate d’ailleurs au niveau des entreprises et des nations….d’où selon lui « la crispation ». Il faut se méfier de la dictature de la liberté individuelle même si on ne peut pas faire l’apologie de l’inverse. La liberté individuelle doit être pondérée par celle des générations futures, estime Attali.

Il s’agit, également, de préserver l’environnement, éviter les dettes…  Un équilibre nécessaire à trouver à l’intérieur de la démocratie à la faveur du long terme.

 

Sauvés par les nouvelles technologies

La vague des technologies est en train de  changer radicalement notre monde. Mais il ne s’agit pas seulement des technologies de l’information -dont internet est un sous ensemble- mais aussi les biotechnologies, les nanotechnologies, les neurosciences….etc…Ces technologies vont nous faire  basculer d’une société fondée sur l’individualisme (qui a fondé le capitalisme en faisant l’apologie du «  moi d’abord », le « moi, maintenant »), à une prise de conscience de l’interdépendance pour dire : j’ai intérêt au bonheur de l’autre. L’altruisme aux générations suivantes, l’altruisme intéressé ou rationnel… c’est ce que Jacques Attali nous propose à travers son concept d’économie positive.  Car dans ce monde de partage et d’échange nous avons tout intérêt à ce que les autres aient le même technologie que nous pour pouvoir communiquer. Ces technologies peuvent n’être qu’un moyen d’accélérer les choses et de nous sortir du dictat de l’immédiat, du court terme et du capitalisme. 

Le partage n’est pas source de compétition et il n’est pas source de bataille et encore moins dans une société de réseau. Dans le monde de la rareté matérielle, la chose vendue n’appartient plus à celui qui la possédait. Dans l’univers des idées, ou de l’information, on peut donner sans rien perdre et c’est bien là sa force. Nous entrons dans une économie révolutionnaire qui  est celle de la gratuité.

Un peu partout dans le monde, des entreprises, des administrations mettent en place des outils plus pérennes. « En, effet, l’économie positive n’est pas un concept totalement nouveau : celui-ci se rapproche d’autres concepts plus étroits, qui lui sont intrinsèquement liés, tels que le développement durable, le conscious capitalism, le triple bottom line, ou encore l’idée de valeur partagée chère à Michael Porter. L’économie positive existe déjà dans de nombreuses entités, administrations, entreprises, coopératives, associations, et, en particulier, dans certaines activités : microfinance, commerce équitable, entreprenariat social. Elle produit déjà de la valeur, financière mais aussi humaine, sociale, culturelle et environnementale ».

D’ailleurs, de plus en plus de personnes se dirigent vers les ONG. On voit, également, apparaître des modèles alternatifs entre entreprise et ONG….Les coopératives se restructurent avec l’idée de servir autre chose que le seul intérêt des patrons et des actionnaires. Cela donne du sens aux employés qui ont l’impression de faire quelque chose pour les autres et de ne pas générer de l’argent seulement.

A titre d’exemple, Planète finance qui utilise les moyens de l’économie pour lutter contre la pauvreté. Il ne faut pas perdre de vue, par ailleurs, que le mouvement ONG prend une ampleur considérable, il représente aujourd’hui entre 10 et 15% du PIB mondial et c’est en train d’augmenter.

L’échec du capitalisme financier nous a conduit à trouver des solutions ailleurs, de voir la vie autrement. Les moyens de collaborer avec les générations suivantes sont déjà là. Ce n’est pas si compliqué à faire, les initiatives se multiplient. Mais encore faut-il changer les idées. Et c’est plutôt à ce niveau que se situe la bataille.  

 

 

 

Par : Amira Géhanne Khalfallah

 

Pour une économie positive

Groupe de réflexion dirigé par Jacques Attali

Fayard. La documentation française

251 pages. 18 euros