Des comptoirs à la californie française

Des comptoirs à la californie française

Les liens du Maroc avec le monde extérieur, principalement l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Europe, remontent aux temps les plus reculés. Le commerce caravanier a ainsi prédominé dans ses échanges  pendant plusieurs siècles. Ce commerce n’a commencé à fléchir qu’avec l’arrivée des Portugais au Golfe de Guinée au XVème siècle et l’occupation par ces derniers et par les Espagnols de ports sur le littoral méditerranéen et atlantique du Maroc. Il n’a cependant réellement périclité qu’à la fin du XIXème siècle, principalement après la prise de Tombouctou par les Français en 1894-1895.

Sa réduction drastique, en volume et en valeur, a été au centre du processus de distanciation du Maroc par rapport à l’Afrique subsaharienne. La coupure qui s’en est suivie a fait perdre à l’artisanat marocain ses débouchés traditionnels en Afrique Noire.

Les produits qui arrivaient au Maroc, précisément depuis le «Soudan» (les actuels Mali et Niger)  alimentaient d’ailleurs en partie le commerce maritime au Moyen-Âge. L’or y tenait un rôle fondamental.

 A cette époque le Maroc en contrôlait la route la plus occidentale. Après son arrivée dans des terminaux situés sur le littoral méditerranéen, notamment Sebta, ce métal précieux était  réacheminé vers des ports européens.

C’est pour faciliter les transactions avec des Etats ou Cités-Etats tels que Gênes, Pise, Livourne, Venise, Lodève, Marseille, le royaume d’Aragon, etc… que des souverains marocains ont conclu avec ces Etats, y compris à l’époque d’une dynastie aussi rigoriste que celle des Almohades, des traités garantissant les droits de leurs marchands commerçant avec le Maroc. Ces derniers s’établissaient parfois sur place. Des Gênois, commerçant pour leur propre compte et celui d’autres villes italiennes ou du Languedoc, étaient ainsi établis à Sebta, principal terminal marocain de la route de l’or passant par Fès et/ou Marrakech. Ils s’y regroupaient dans un «fondouk» (caravansérail), sous la responsabilité de l’un de leurs pairs, assumant les fonctions de «consul», et avaient la faculté de célébrer leur culte.

A partir du XVème siècle, les échanges ont pâti de l’occupation des ports du littoral marocain par les Espagnols et les Portugais et des dévastations provoquées notamment par ces derniers dans l’arrière-pays, principalement dans les plaines atlantiques moyennes où leurs raids meurtriers et la réduction en esclavage des populations ont eu toutes sortes d’effets dévastateurs. Ces échanges ont été également affectés par des bouleversements structurels d’ordre plus général liés en particulier au déplacement progressif du centre de gravité des échanges mondiaux  vers l’Atlantique ; la Méditerranée devenant en raison de cet état de fait «une mer délaissée par l’Histoire», selon la formule de Fernand Braudel.

Il convient toutefois de relever que le Maroc a essayé malgré tout de tirer avantage de cette nouvelle donne et de l’afflux en Europe des métaux précieux d’Amérique du Sud. Considérée comme une forme de «guerre sainte en mer» (al jihad al bahri), la course, pratiquée notamment par les Morisques expulsés d’Espagne et réfugiés à Rabat, Salé et Tétouan à partir de 1609, a été l’un des moyens efficients de «captage» d’une partie de ces richesses. Des flibustiers européens, anglais, hollandais et autres, opérant à partir de Mehdia en particulier, ont été partie prenante dans les assauts menés contre les galions chargés d’or, d’argent et de produits tropicaux.

La nature des échanges maritimes commença à subir des changements encore plus radicaux au XVIIIème siècle sous l’effet des profonds bouleversements de l’équilibre des forces induits par la révolution industrielle et les besoins créés en Angleterre et ailleurs par la recherche accrue de matières premières brutes et de marchés pour l’écoulement des produits manufacturés. C’est dans ce contexte que les puissances européennes obtinrent des sultans, en principe sur la base de la réciprocité, des traités généraux de paix assortis de conventions de commerce et de navigation. Leurs clauses comportaient des dispositions relatives à l’établissement des ressortissants de ces puissances au Maroc et leur garantissaient, en leur double qualité d’étrangers et de chrétiens ne pouvant pas être traités comme les «dhimmis» (tributaires autochtones soumis aux stipulations de la loi musulmane), un statut juridique et fiscal particulier. Les traités obtenus quasi simultanément en 1767 à Marrakech par l’Espagne et la France représentèrent, dans le cadre du régime dit capitulaire, la pierre angulaire des immunités consenties aux ressortissants de ces deux puissances et élargis à ceux d’autres pays par le biais de la clause dite de la nation la plus favorisée.

Le choix délibéré de faciliter l’établissement de négociants européens et leurs transactions a été essentiellement le fait de Sidi Mohammed ben Abdallah (1757-1790). Ce sultan a été pendant longtemps khalifa de son père à Safi, port où, dit le consul de France à Salé, Louis Chénier, «plusieurs negocians européens avoient formé des établissements dans cette ville qui étoit alors la plus commerçante de la côte ; ce Prince, qui etoit très accessible et qui avoit des vues… s’entretenoit avec ces négocians des usages de l’Europe, relativement au commerce, aux impôts et aux détails de l’administration… (Il) acquit alors ces idées générales… qu’il a

développées pendant le cours de son règne». Désireux de sortir le pays du chaos de près d’un demi-siècle qui avait suivi la mort de Moulay Ismaïl (1727) et d’éviter une pression fiscale interne trop forte, source de mécontentement et de révoltes, ce sultan considérait la stimulation du commerce maritime comme l’un des moyens d’augmenter notablement les revenus du Trésor. Il chercha à en tirer le maximum d’avantages en mobilisant directement et pour son propre compte des négociants marocains et étrangers et en leur concédant l’exploitation de monopoles à l’importation et à l’exportation.

Outre les mesures prises pour la relance de ports tels que Fédala, Anfa et surtout Essaouira, réaménagée selon un nouveau plan d’urbanisme dessiné par le Français Cournut, Sidi Mohamed s’efforça de créer toutes les conditions susceptibles de l’aider à atteindre ses objectifs. Il commença par réduire les activités corsaires. Le consul Chénier écrit à cet égard que ce souverain  «nourri d’idées de commerce…, vit avec discernement que, de toutes les convenances politiques, celle qui tendoit à vivifier le commerce de ses Etats pouvoit seule en augmenter les revenus et en réparer les dépenses. Le profit de la course, qui exposerait à des dépenses réelles et à des événements incertains, pouvoit provoquer, une part, le ressentiment des nations, dont les forces maritimes augmentoient tous les jours… Ces réflexions déterminèrent le Prince à faire la paix avec les puissances de l’Europe». Des traités furent conclus à cet effet avec l’Angleterre, la Hollande, le Danemark, la Suède, Raguse, l’Espagne, la France et les Etats-Unis. 

Les ambassadeurs chargés de négocier ces traités ou de les renouveler se présentaient à la Cour chargés de cadeaux qu’ils offraient au sultan, lors d’audiences solennelles,  selon un rituel strict. Le consul du Danemark à Essaouira, Georg Host, en donne une idée : «Un ambassadeur du Portugal (arriva) chargé de cadeaux assez impressionnants : vingt et une caisses remplies de soieries, étoffes, tissus de lin, porcelaines et miroirs, deux caisses de lingots d’or, deux autres caisses enfermant des pendules et des pièces de joaillerie, une splendide armure pour l’Empereur, avec tout un équipement composé d’une selle décorée d’or et de diamants, d’un fusil et de pistolets richement rehaussés…». Le même consul écrit que «en janvier 1773, le consul suédois Wulf revint au Maroc sur un navire de guerre… Il amenait avec lui, à titre d’ambassadeur, le major Standen et apportait en cadeau vingt mille piastres, trois mille bombes, six mortiers, de splendides pendules, des boîtes en or et un service complet à thé et à café du même métal… (Lors d’une deuxième audience avec le sultan, Standen) apporta avec lui deux montres très précieuses, constellée de diamants».

L’orientation générale prise à partir de 1757, la mobilisation de membres de l’élite marchande musulmane et juive de Tétouan, Fès, Salé et Marrakech invités à s’installer à Essaouira,  le recours dans le même esprit à des étrangers opérant eux aussi pour le compte du sultan et agissant peu ou prou comme des «négociants du roi», et la volonté des puissances de développer leurs relations commerciales avec le Maroc ont contribué à donner une très forte impulsion aux échanges maritimes. Sidi Mohammed, qui allait même jusqu’à qualifier certains consuls européens de «nos serviteurs», en a tiré des revenus considérables. Qu’il ait effectué de gros dépôts en or et en argent en Espagne, considérée alors comme une «nation amie» et un important partenaire commercial, en est l’une des manifestations les plus probantes. 

Sa stratégie n’a cependant pas eu d’impact structurel durable. Elle n’a pas tardé du reste à devenir inopérante de son vivant même. Et ce, du fait des calamités naturelles qui se sont abattues sur le pays, des effets pervers des monopoles,  et de la multiplication des révoltes provoquées notamment par le  renchérissement des prix des denrées de première nécessité, dû tant à la pénurie liée aux cycles de sécheresse qu’à la situation créée par le système des monopoles dans un contexte de rareté. C’est d’ailleurs en vue de l’abolition de ce système, de la libéralisation des échanges et de la mise en place de règles plus stables, pour réguler le marché par le seul jeu de l’offre et de la demande et non plus en fonction de décisions souverainement édictées par le sultan, en fonction de sa politique interne et des besoins du Trésor, que les puissances ont commencé à se mobiliser.

Elles s’y livrèrent de manière systématique une fois passée la phase de relatif repli des échanges maritimes, due à la guerre civile qui a dévasté le Maroc entre 1790 et 1792 sous le règne éphémère de Moulay Yazid (lequel a assiégé Sebta et réclamé l’or déposé par son père en Espagne) et aux tentatives déployées par le sultan Moulay Slimane (1790-1822) pour limiter les retombées négatives (en termes de prix des denrées de base) des échanges avec l’Europe. Elles essayèrent de se coaliser pour faire échouer les efforts déployés par Moulay Abderrahmane (1822-1859) en vue de relancer le système des monopoles et des «toujjar-sultan» mis en place par Sidi Mohamed ben Abdallah. Les initiatives prises à cet effet s’avérèrent de fait d’autant plus anachroniques que l’Europe, sortie après 1815 de la tourmente créée par la Révolution française et les guerres napoléoniennes, entendait dicter ses propres règles et façonner le marché mondial selon ses besoins, la logique du système capitaliste et les fondamentaux du libéralisme qui régissait son économie.      

L’ouverture du Maroc commença en effet à s’accélérer au lendemain de la signature du traité que les Anglais arrachèrent à Moulay Abderrahmane en 1856. L’abolition des monopoles royaux et la baisse drastique des droits de douane à 10% ad valorem alors qu’ils pouvaient atteindre auparavant jusqu’à 300% de la valeur des produits importés ou exportés furent  parmi les principales dispositions littéralement extorquées au sultan par le chef de la légation britannique à Tanger, John Hay Drummond Hay. 

Cet «acquis» et l’augmentation subséquente des échanges maritimes s’accompagnèrent d’un accroissement d’émigrés européens venant s’installer sur place pour le compte de firmes commerciales de leurs pays ou pour fonder leurs propres maisons. Leur nombre passa de 250 en 1832 à 700 en 1858, 1360 en 1864, 3.500 en 1885 et 9.000 en 1894. Cet accroissement s’est accompagné, au fils des ans, de changements marqués par le recul du pourcentage des immigrés anglais (originaires de Gibraltar pour la plupart) au profit des Espagnols.

Ceux-ci sont devenus de plus en plus nombreux au lendemain de la guerre hispano-marocaine de 1859-1860 (dite de Tétouan) et ont fini par former à la fin du XIXème près de 90% de la colonie européenne, avec une forte concentration dans une ville comme Tanger où ils représentaient près de 20% de la population.  Ayant fui pour la plupart la misère dans laquelle ils se débattaient dans la péninsule ibérique, ils restaient confrontés à la pauvreté au Maroc et avaient recours à toutes sortes de petits métiers et d’expédients pour survivre. Tenant des échoppes, des tavernes, voire des lupanars, ils se trouvaient souvent mêlés à des trafics et des rixes. Leur légation était constamment saisie de plaintes du Makhzen et de demandes d’expulsion des éléments les plus remuants. D’autant que parmi eux s’agitaient des réfugiés anarchistes (notamment ceux de la Main Noire), des fabricants de fausse monnaie et des contrebandiers. Mais, paradoxalement, c’est  surtout avec eux que cohabitaient au quotidien les Marocains, musulmans et juifs.

Le profil général des Anglais, des Allemands et des Français issus de la Métropole, travaillant pour leur propre compte ou pour celui de maisons d’import-d’export, était au contraire celui de gens plutôt aisés. Ces Européens-là, entreprenants dans l’écoulement de produits manufacturés ou de produits coloniaux (thé, café…) et la collecte des laines, des cuirs, des légumineuses, etc… avaient recours, pour les besoins de leur commerce, à des commissionnaires autochtones. Les plus dynamiques parmi ces derniers se recrutaient parmi les anciens toujjar-sultan. Appréciés pour leur connaissance des besoins du marché marocain et de ses potentialités, ainsi que pour leurs liens avec le haut Makhzen et le réseau d’agents dont ils disposaient dans les villes et les campagnes, ils s’efforçaient de leur côté de tirer avantage de l’amarrage du Maroc à l’Europe, de l’accès au système bancaire et des facilités de crédit. Pourvus de patentes de «censaux», ou même de passeports étrangers, leur assurant l’immunité fiscale et un régime d’exterritorialité1 dans leur propre pays, ils commençaient à accumuler des richesses et à investir une partie de leurs profits dans le foncier, voire dans l’achat d’actions de  compagnies étrangères.

Bien que concentrant leurs efforts sur les régions connues pour leurs ressources naturelles, les Européens, qui n’étaient pas loin de considérer tout le Maroc comme une sorte de nouvel Eldorado leur ouvrant les portes de la fortune, ne négligeaient pas pour autant les zones excentriques. Ceux d’entre eux qui cherchaient à capter les produits provenant d’Afrique subsaharienne s’efforcèrent ainsi d’installer des comptoirs dans l’extrême sud du pays pour les détourner à leur profit avant leur arrivée à Agadir ou Essaouira. C’est ce que fit, par exemple, l’Anglais Donald Mackenzie, lequel installa une «factorerie» à Tarfaya et commença à élaborer des projets de grands travaux hydrauliques au Sahara, perçu comme une base de pénétration vers les richesses de l’Afrique noire. Le roi des Belges, Léopold II, surnommé «l’homme d’affaires couronné», suivit cet exemple. Sous couvert de fondation d’un «hôpital international» dans la région, il chercha à créer des points d’appui susceptibles de faciliter la jonction depuis les côtes méridionales du Maroc avec le Congo, vaste et riche territoire devenu sa propriété personnelle et où prévalurent les pires méthodes d’exploitation coloniale.

L’intérêt des Européens pour les produits agricoles du Maroc (céréales, légumineuses, laines, peaux, fruits secs, etc.) les incita à s’occuper de plus en plus de cultures et d’élevage. Ils intervinrent dans ces secteurs d’activités par le biais d’associés marocains («mokhalets»). Toutefois, au lendemain de la conférence internationale de Madrid (1880) et de la reconnaissance par le Makhzen aux étrangers du droit d’acquisition de terres dans l’arrière-pays des villes portuaires, certains d’entre eux s’installèrent à la campagne, notamment le Gharb et la Chaouïa, créèrent des fermes et les exploitèrent eux-mêmes avec l’aide de travailleurs autochtones.

Fort représentatifs de la réussite aussi bien dans le commerce que l’agriculture furent des personnages tels que les Français Boisset, Braunschvig, Ferrieu, Raynaud, les Anglais Murdoch-Butler, Fernau, Lamb, Mac Leod, les Allemands Ficke, Neuman, Haessner ou les frères Richter, dont l’un, Max,   établi à Fès avant de se retirer à Safi, s’est  converti à l’Islam. L’exonération fiscale, fondée sur les privilèges capitulaires reconnus aux Européens, fut l’un des facteurs d’enrichissement de cette catégorie d’immigrés. Ils avaient aussi la possibilité de se faire largement indemniser les pertes subies du fait de vols (réels ou imaginaires), de pillages ou de retards dans le chargement ou le débarquement de marchandises pour cause d’interpositions (justifiées ou non) de caïds et d’oumanas. C’était parfois sous la menace des canons des bâtiments de guerre européens que le Makhzen devait s’exécuter et procéder aux compensations réclamées. Les «démonstrations navales» organisées en la circonstance ont ponctué  «l’ouverture du Maroc» et représenté autant de violents coups de boutoir assénés à l’Etat marocain.

L’immunité et le régime d’exterritorialité signifiaient impunité totale pour ces immigrés. D’où la tentation de certains d’entre eux de se livrer à des activités certes illicites mais très rémunératrices. Tel était notamment le cas de ceux d’entre eux qui se livraient à la contrebande d’armes et de munitions de guerre. Plus communément, la plupart des Européens exploitaient la faculté qu’ils avaient de prendre des Marocains comme courtiers ou comme associés agricoles pour se livrer au trafic des patentes de «censal» (courtier) et de «mokhalet». Les «cartes» leur conférant ce titre étaient prisées par les autochtones qui avaient les moyens de payer un tel service car elles leur permettaient d’échapper aux impôts, aux corvées imposées par les caïds, et aux «harkas». Leur engouement à cet égard était tel que les Européens, qualifiés de «sleeping partners of the Moorish farmers» par un publiciste anglais, multipliaient le nombre de leurs agents marocains fictifs et en tiraient des revenus substantiels. D’autres observateurs évoquaient quant à eux «l’élevage d’associés agricoles» auquel se livraient des immigrés peu scrupuleux. Et c’est au vu de telles pratiques que le chef de la mission militaire  française, le commandant Schlumberger, releva dans un rapport rédigé en 1893 que «le Maroc est devenu le refuge  des pires abus», ajoutant qu’il est «regrettable que l’expansion européenne, loin de civiliser le pays, y a apporté de nouveaux germes de dissolution».

 

Bibliographie succincte :

L. Chénier, Recherches historiques sur les Maures et Histoire de l’Empire de Maroc, vol. 3, p. 454
 
G. Host, Histoire de l’Empereur du Maroc Mohamed Ben Abdallah, Rabat, 1996, (1ère édition, Copenhague, 1791)
 
M. Kenbib, Les protégés. Contribution à l’histoire contemporaine du Maroc, Rabat, 1996

 

1 Droit de vivre sous le régime des lois de leur Nation.