Cluster, proximité et innovation
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Cluster, proximité et innovation

Une lecture chronologique des formes productives agglomérées (FPA), montre qu’il y a une  relation historique entre les principales notions présentées et étudiées aujourd’hui dans ce papier, telles que les districts industriels marshallien (1890), les districts italiens (1970-1980) et les systèmes productifs locaux (SPL) (1990), les clusters et les pôles de compétitivité (1990-2004). Toutefois, le fondement et le berceau du développement de l’ensemble de ces concepts demeure l’apparition des districts marshallien au XIX éme siècle. 

Dans un premier temps, les principales caractéristiques permettant d’identifier les districts industriels sont conformément aux critères Marshalliens, l’atmosphère industrielle régnant dans le district et les externalités qu’ils génèrent.

Les districts de la troisième Italie, quant à eux, sont caractérisés par la présence d’une communauté de PME denses et coopétitives. Ce sont les relations sociales et culturelles qui sont considérées comme primordiales dans le succès et la réussite de ces districts.  

Les SPL à la française identifiés par les travaux de quelques économistes français, comme B Pecqueur et CL Courlet par sont liés aux politiques publiques des années 80. La politique d’aide ne s’est pas pérennisée, du fait d’une nouvelle orientation de la stratégie industrielle de l’Etat français vers le soutien à grande échelle des producteurs de matières grises (universités, centres de recherches …) dans la chaine de valeur de production des innovations, conformément au modèle des clusters qui s’est diffusé dans plusieurs pays.

Les quatre formes évoquées ci-dessus ont en commun de mettre en valeur le rôle clé joué par les formes de coordination dans leur construction, enrichissement et évolution.

En effet, l’analyse minutieuse de ces FPA montre la présence permanente de plusieurs formes de proximité qui cohabitent ensemble (proximité géographique, organisationnelle et institutionnelle).

Il faut souligner que ces différentes proximités qui ont pour conséquence d’aménager ces organisations productives et innovantes ont des impacts quelques fois positifs sur le développement et la mise en place des projets, mais elles peuvent aussi dans certaines circonstances avoir des effets néfastes, comme l’espionnage industriel et les tensions de voisinage… (on parle ici surtout de la proximité géographique, quand elle n’est pas conjuguée avec la proximité organisée (organisationnelle et institutionnelle).

Cet impact positif se retrouve dans des processus dynamiques, tels que les processus d’innovation et de diffusion des connaissances, des savoirs et des technologies.

Néanmoins, la proximité géographique stimule et favorise l’innovation, la diffusion des savoirs, des connaissances et des technologies, l’apprentissage inter-acteurs à condition qu’elle soit activée et articulée avec les autres formes de proximités. 

Ensuite, ces différentes proximités vues jusqu’à présent ont été bouleversées par la révolution numérique et par l’apparition des NTIC (nouvelles technologies d’information et de communication), on peut considérer qu’il s’agit de l’émergence d’une certaine proximité dite « électronique ».

Toutefois, ces NTIC n’ont pas résolu définitivement le problème de l’échange et de la transmission des connaissances et des informations. En effet ces TIC ne peuvent transmettre que les connaissances codifiées, ce qui pose toujours le problème des connaissances tacites qui ne peuvent se transférer que par les interactions et les contacts de face à face (proximité physique). C’est pour cela, que la dimension de proximité physique ou spatiale demeure indispensable. Cependant, pour que cet aspect de proximité (proximité géographique permanente) peut être atténué par ce qu’on appelle une proximité géographique temporaire plus compatible et adaptable au développement des processus et projets d’innovation (surtout radicales, car les innovations incrémentales peuvent être développées à distance).

Donc, même si la proximité spatiale est nécessaire pour favoriser l’innovation, elle ne peut être essentielle que provisoirement, afin de faire émerger un apprentissage institutionnel et une proximité organisée. C’est surtout ce climat relationnel et cette ambiance construite et fondée sur des valeurs, des routines, des visions communes et des interactions qui se multiplient au sein du réseau ou cluster qui constituent et créent la dynamique et l’essor de l’innovation.