Sommes nous compétitifs?

Alors que le Maroc perd 7 places dans le classement mondial publié en début de mois par le World Economic Forum, pour se placer au 77ème rang (sur 148 pays étudiés), on peut s’interroger sur la capacité des entreprises familiales du Royaume à améliorer à l’avenir ce score. En effet si l’inefficacité bureaucratique et la corruption sont cités comme étant les deux dimensions affectant le plus la compétitivité nationale, c’est dans le domaine de l’innovation que le Maroc est le plus mal classé, puisqu’il ne se situe pour cette dimension qu’à la 100ème place.

Nos entreprises, majoritairement familiales et de petite taille, sont-elles donc condamnées à rester à la traîne des entreprises innovantes ?

Ce n’est pas ce que nous enseignent les études réalisées dans ce domaine (Ben Mahmoud- Jouini, 2010).

Les entreprises familiales se positionnent généralement dans un horizon temporel à long terme qui les inscrit dans une recherche de pérennité trans-générationnelle. Cette pérennité n’est possible que si un flux d’innovations continu entretient la croissance à long terme des entreprises. Pourtant, au Maroc, la question de la pérennité n’est pas toujours gérée, et trop de petites entreprises en se concentrant uniquement sur le présent, oublient de planifier leur avenir.

Les valeurs familiales et culture s’inscrivent elles aussi dans la durée et aident les entreprises familiales à protéger leurs avantages concurrentiels et leur place sur les marchés. Mais cette dimension culturelle reste trop souvent inscrite dans le passé pour pouvoir permettre à des innovations d’avenir de voir le jour.

L’imbrication forte qui existe dans ces entreprises entre la famille et l’entreprise favorisent la préservation du patrimoine familial. Pourtant la dimension émotionnelle, si elle devient le moteur des décisions managériales prises dans l’entreprise peut bloquer le processus d’innovation.

La politique financière prudente et la réticence des entreprises familiales à se tourner vers les institutions financières leur assurent une stabilité financière à long terme mais freinent aussi dans une certaine mesure les stratégies d’innovation. Ceci est d’autant plus important au Maroc que l’accès au financement est d’une manière générale jugé comme étant un des principaux obstacles à l’amélioration de la compétitivité nationale.

Enfin, la stabilité du réseau relationnel de l’entreprise et de la famille facilite la pérennité de l’entreprise mais cette forme de « consanguinité relationnelle » ne favorise pas les innovations de rupture souvent nécessaires pour rester dans la course de la compétitivité mondiale.

A partir de ces réflexions, on pourrait conclure que pour que les entreprises familiales du Royaume améliorent leur compétitivité, il sera important dans les années à venir de garder l’œil rivé sur les processus d’innovation. Mais les dirigeants ne devront pas oublier que ce flux d’innovations ne peut se faire au détriment de ce qui caractérise les entreprises familiales dans notre environnement culturel.

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