Du social à responsabilité limitée

On l’aurait compris, la responsabilité sociale de l’entreprise est une tendance internationale, ayant tout aussi bien le soutien des décideurs publics et privés , que de certaines organisations internationales économiques, commerciales, sociales ou financières. De telles tendances ne sont jamais innocentes, fortuites et volontaires. De nombreuses raisons peuvent être avancées : l’essoufflement et la crise du modèle social dans la plupart des grandes économies, le chômage des jeunes et des moins jeunes, les catastrophes climatiques et de l’environnement, l’épuisement des ressources économiques…

La montée du managérialisme dans l’économie mondiale et les économies nationales a pour effet de vouloir tout « manager » : le social, les services publics et la politique ; tout devant se transformer en entreprises auxquelles on appliquerait les mêmes méthodes. Le sociétal se trouve ainsi transformé en valeur pour améliorer son image afin de mieux vendre.

Quoi qu’il en soit, la RSE est là et, bien que très peu déployée pour faire sortir le capital de ses oeillères braquées sur le profit immédiat, la RSE est en soi un élément positif indéniable pour le monde du travail, l’environnement et la société de notre époque.

Le revers de la médaille est que, à en juger par le nombre impressionnant des sites et portails faisant l’éloge de la RSE, de nombreuses entreprises dénaturent la RSE pour aromatiser les propagandes marketing. Les communications marketing et les risques d’écoblanchiment1 dominent malheureusement dans ce paysage. Il s’agirait de convaincre ceux qui sont décidés à respecter leurs engagements à abandonner le sacerdoce de la communication institutionnelle qui suscite la méfiance, pour rendre le message, dans son authenticité, accessible au plus grand nombre.

Un article de Bernard Dagenais (Université Laval –Canada ) intitulé La RSE : mentir donne de si bons résultats montre à partir de l’analyse de dix exemples d’engagements d’entreprises internationales ou canadiennes en matière de RSE que les entreprises ne se gênent aucunement pour projeter d’elles-mêmes une image d’entreprise responsable tout en ayant des pratiques condamnables.

Au Maroc , la problématique est la même : l’introduction par la CGEM d’une norme volontaire contrôlable est une démarche qui a beaucoup de mérite. Mais, que l’on ne s’y trompe pas, une entreprise évoluant dans un environnement défaillant marqué par des administrations souvent véreuses et des problèmes de gouvernance, ne peut être à l’abri de graves entorses à la RSE.

On notera que le marché de plus en plus concurrentiel amène les entreprises marocaines à s’aligner sur les nouvelles pratiques managériales admises à l’échelle internationale. La RSE en est une. Elle n’a pas eu d’adhésions massives et son opérationnalisation reste encore très limitée. Il serait utile d’accompagner plus sérieusement cette démarche privée par des mesures publiques qualitatives pouvant aider à la crédibiliser auprès des opérateurs. Les réformes en matière de justice et de lutte contre la corruption sont fondamentales à ce propos.

L’écoblanchiment, qui est une francisation du terme greenwashing, désigne les pratiques de « manipulations marketing » qui consistent à utiliser abusivement un engagement écologique, qui est en fait peu significatif, pour promouvoir l’image d’une marque ou d’un produit. La distinction entre une utilisation marketing légitime d’un engagement écologique sous ses différentes formes possibles et une pratique d’écoblanchiment est évidemment très subjective et sujette à débats. (http://www.definitions-marketing. com/Definition-Ecoblanchiment)

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