Coordination du financement de l'économie au Maroc

Introduction :

La coordination des politiques économiques est un des thèmes occupant une place importante dans l’actualité et ayant fait l’objet de nombreux travaux théoriques et empiriques. Pour l’union européenne, par exemple, depuis la fin des années 70, il est au centre de toutes les réunions des ministères des finances et des gouverneurs de banques centrales. Il connaît même un regain d’actualité spectaculaire depuis les débuts de la crise de la dette souveraine menaçant l’existence même de l’Euro.

Le Maroc, quant à lui, ne subit pas ces crises avec la même intensité que les pays qui les ont générés, dans le sens où il ne connaît pas de dépression économique ou de destruction de son système financier. Pourtant, aussi bien son développement économique intérieur, sa transition assumée d’une économie de l’endettement vers une économie de marchés financiers, que son ouverture à l’international, placent cette question de la coordination des politiques économiques au centre des problématiques de développement économique, en particulier celle du financement de son économie formelle.

 

1. Définition et raisons d’être de la coordination

Au sens large, la coordination en économie implique la modification conjointe des politiques ou décisions économiques dans le but de prendre en compte l’interdépendance qu’elle soit nationale (inter-régions, inter-secteurs etc...) ou internationale. Il s’agit donc d’une forme très exigeante de coopération. Par définition, la coordination est souvent difficile à déceler : comment, en effet, vérifier si une politique est modifiée dans un souci de “ coordination ”, ou simplement, parce que la situation ou les objectifs internes ont changé, dans une démarche opportuniste des acteurs de l’arène économique (que nous définissons par la suite) ? Aussi est-ce une notion qui continue de faire débat, tant dans sa dimension théorique qu’en matière de vérification empirique.

De notre terrain d’étude, nous avons relevé globalement que le système de règles demeure plus incitatif que répressif, voire aléatoire, et que lorsqu’il existe un contrôle par la règle, l’applicabilité reste défaillante dans certains cas.

L’Instance Centrale de Prévention de la Corruption (ICPC) illustre le cas de la non applicabilité des règles et préconise sérieusement de renforcer l’harmonisation du dispositif pénal et judiciaire avec les exigences  de la lutte contre la corruption en prévoyant à cet effet une longue série de mesures. Cet acteur pointe notamment l’inefficience des règles et procédures des poursuites, du prononcé et de l’exécution des jugements rendus; l’absence de coordination entre les efforts consentis par les divers organes d’inspection, de contrôle et de reddition des comptes. L’ICPC prévoit surtout la création d’une instance indépendante au niveau du fonctionnement institutionnel, des règles de tutelle et des procédures de contrôle et d’autre part, en la dotant des prérogatives nécessaires pour l’accompagnement de ses missions de prévention et de lutte, au niveau national et régional, conformément aux dispositions de la nouvelle constitution.

La cour des comptes est un bon contre-exemple de non applicabilité. Cette instance de contrôle (a posteriori) disposant des instruments répressifs dispose de prérogatives élargies avec une harmonisation du pouvoir de contrôle au judiciaire (plusieurs affaires étant en cours).

S’il existe des systèmes formels de règles dont l’objectif est de pallier et d’atténuer les défaillances du marché, il demeure que certains pans de la régulation sont en structuration et transformation vers plus de coordination.

Nous pouvons citer le cas du Conseil de la Concurrence dont le rôle a longtemps été confiné à celui d’études et de consultation, mais l’actualité récente relative à l’approbation par la primature du projet de loi sur la concurrence est un changement majeur dans le renforcement de la coordination. En effet, le Conseil ne rendra plus de comptes au chef du gouvernement, mais se verra élargir ses prérogatives de saisines jusqu’à la sanction directe.

Un exemple de structuration vers plus de coordination d’un secteur nous a été révélé par le cas des assurances. Sur le secteur financier effectivement, trois acteurs phares connaissent des maturités de régulation et de gouvernance différentes. Le CDVM régule l’activité du marché des capitaux et le pouvoir de sanctionner lui est conféré. Le secteur bancaire est régulé par la banque centrale indépendante, et les assurances ne possèdent pas à ce jour une instance de régulation. Cependant, un projet de loi relatif à la création d’une instance régulatrice pour les assurances dans un premier temps, puis la création d’une instance commune coordinatrice au secteur financier, consolide une certaine structuration du secteur vers une coordination efficiente.

Afin de compléter le large spectre de la notion de coordination, il convient de s’interroger sur son bien fondé et son impact. En effet, pourquoi coordonner les politiques économiques ? Répondre à cette question revient à se demander pourquoi l’exercice non coordonné des politiques économiques macroéconomiques ainsi que celui décentralisé des politiques structurelles laissant libre cours à un équilibre concurrentiel microéconomique plus ou moins biaisé, ne sont pas toujours optimaux. La coordination vise donc à corriger les défaillances du marché.

Nous entendons le concept de défaillance du marché, à chaque fois que le fonctionnement spontané de celui-ci engendre une situation qui n’est pas optimale (au sens de Pareto). Par rapport au contexte marocain, relevons par exemple l’expérience significative d’un projet spécifique à l’agriculture, dans la biomasse, porté par un grand acteur local et en tant que tel supposé être moins touché par l’asymétrie de l’information et des compétences. Il s’est vu ralenti par le manque de connaissance de la part d’un Centre Régional d’Investissement du bailleur de fonds spécialement dédié à ce type de projet. Ces défaillances du marché touchent l’ensemble des secteurs (emploi, industrie, logistique...) et sont parfois, comme nous le verrons plus loin, couplées à des défauts de coordination, produisant une situation de déséquilibre.

Théoriquement, deux grandes classes de raisons suggèrent que la coordination des politiques économiques peut améliorer le bien-être global. La première renvoie à l’existence de biens publics, dont le développement et la préservation ne pourront être garantis seuls par la décentralisation des politiques. La seconde a trait aux effets externes qui caractérisent les interdépendances économiques nationales, c’est-à-dire à la transmission au niveau national des effets des politiques économiques régionales ou sectorielles. Une typologie répondant à ces deux classes de raisons est celle de Niels Thygsen (1992), qui distingue deux types de coordinations:

  • “la coordination bien public”, qui veille à la bonne provision des biens publics que l’action décentralisée négligerait.
  • “ la coordination stratégique ”, afin de profiter de l’interdépendance entre secteurs, régions ou pays, optimisant le choix des stratégies des différents acteurs. Ces choix sont formalisés par Hamada (1984,1985) dans un contexte de théorie des jeux (équilibre coopératif versus équilibre non coopératif  dit de Nash) démontrant que la coopération améliore le bien-être général et la capacité de chaque acteur à réaliser ses objectifs.

Cela étant, le fait qu’une certaine forme de coordination puisse être utile et souhaitable ne veut pas dire systématiquement que la coordination est toujours bénéfique (de même que les “ défaillances de marché ” de la microéconomie doivent être mises en regard des “ défaillances ” de l’action publique) : par exemplecoordonner de “ mauvaises ” politiques économiques conduira à un résultat inférieur à l’absence de coordination entre des politiques régionales ou sectorielles plus adaptées (cette thèse étant défendue par Martin Feldstein).

2. Les formes de coordination : entre règles et discrétion

Le débat sur la coordination recoupe naturellement une dichotomie récurrente en économie, celui entre règles et discrétion. Le dilemme : la coordination doit-elle être structurée au sein d’un cadre de règles formelles de politique économiques, ou laissée au libre arbitre des acteurs de l’arène ? Sachant qu’en théorie, une coordination, notamment à travers le phénomène de discrétion, au sens de l’arrangement, peut s’avérer moins coûteuse et plus flexible, mais dans le même temps moins efficiente que si elle s’opérait dans un cadre plus structuré.

Il est important à ce stade d’expliquer pour quelles raisons nous utiliserons le terme “arène” et dans quelle mesure il est pertinent dans le cadre économique marocain. En effet, lorsque nous avons évoqué la coordination dans le cadre de nos enquêtes, plusieurs injonctions spontanées (y compris dans nos ateliers de travail) ont questionné la notion même de “marché d’accès ouvert”[1] au Maroc, injonctions souvent justifiées par des données empiriques incontestables. Il serait dans ce cas difficile de parler de marché au sens économique du terme, et donc de défaillances de marché, base de la coordination. Rester sur ce constat basé sur un système de croyances, certes étayé ici ou là et bien ancré y compris au sein des élites économiques, empêche trop “facilement” toute réflexion supplémentaire sur la coordination. Pour reprendre la terminologie adoptée par Douglass North, Joseph Wallis et Barry Weingant (NWW) dans leur ouvrage de référence en économie politique, “Violence et ordres sociaux”, si le Maroc d’aujourd’hui n’est pas stricto sensu une société d’ordre social à accès ouvert, il n’est pas non plus, loin s’en faut, un Etat Naturel.

Explicitons ce cadre conceptuel. NWW classent sur toute l’histoire de l’humanité les ordres sociaux en trois types : l’ordre de prédation (types sociétés de chasseurs-cueilleurs non développés dans l’ouvrage), l’ordre social d’accès limité ou états naturels (par exemple sociétés féodales type “blad-a-siba”) et l’ordre social d’accès ouvert (types de sociétés post-industrielles, évaluées par les auteurs à 15% de la population mondiale). En s’inspirant de NWW, il est possible de croire que l’économie marocaine est en phase de transition vers « l’ordre social d’accès ouvert », puisqu’elle remplit les trois conditions basiques énumérées par les auteurs :

  • État de droit pour les élites.
  • Pérennité des organisations élitaires publiques et privées, dont l’État lui-même.
  • Centralisation du contrôle politique sur l’armée.

Au-delà de cette conception, purement élitaire, il est important de noter que, sous la pression des non-élites, les élites peuvent leur concéder une participation à un marché d’accès plus ouvert². C’est dans ce sens que la transition observée au Maroc justifie dans notre analyse l’usage du marché comme cadre d’échange, de négociation et d’affrontements. Nous pouvons ainsi esquisser une représentation des rapports de force du financement de l’économie marocaine sous la forme d’une arène, sous entendant des affrontements ou des coalitions entre organisations “élitaires” pour reprendre les termes de NWW.

Figure 1 : esquisse d’arène

Cette arène est ouverte et représente l’angle avec lequel nous avons traité ce sujet. En ceci, elle est loin d’être exhaustive mais appréhende un complexe d’acteurs essentiels pour la coordination au Maroc, avec en arrière-plan le contexte international et les bailleurs de fonds étrangers. Des retours du terrain d’étude, deux grandes remarques ressortent. L’une portant sur un manque de richesse de l’arène qui devrait être alimentée par de nouvelles agences régulatrices au niveau du financement de l’économie. A cela ajouté le rôle de certains acteurs bloquant la libre concurrence et établissant des barrières à l’entrée de nouveaux entrants. L’autre remarque essentielle et plutôt à l’encontre de la première, réside dans le nombre trop élevé d’acteurs qui contribuent à forger un “brouillard institutionnel”; la multiplicité des acteurs entravant l’effort de coordination. Généralement, la tendance est à la structuration des formes de coordination au niveau des secteurs, notamment le secteur des assurances évoqué plus loin, qui sera renforcée à terme par une institution régulatrice unique de tout le secteur financier. Analyser la coordination entre acteurs nécessite de revenir à ses attributs essentiels.

En effet, ce concept de coordination, a été interrogé à l’aune de ses formes, à savoir par la règle ou la discrétion. L’objet de ce qui suit précise davantage la question de la coordination

 a. Une coordination « bien public » forcément réglée ?

D’emblée, les règles paraissent plus appropriées que la discrétion pour mettre en œuvre la coordination de type “ bien public ”. Les règles ont l’avantage d’une certaine automaticité, de la visibilité du signal qu’elles donnent, de la vérification possible, de la stabilité dans le temps de l’engagement de coopérer qu’elles représentent. Le respect de règles claires et visibles peut permettre d’acquérir crédibilité et réputation, qualités qui conditionnent l’efficacité des politiques économiques. Les règles fournissent aussi aux acteurs de l’arène une contrainte extérieure parfois utile pour contenir les groupes d’intérêt susceptibles de pousser les politiques économiques dans une direction trop laxiste, ou opportuniste (le délit d’initiés). Enfin, l’incertitude sur la façon dont les politiques économiques fonctionnent réellement est telle que le choix de règles simples peut paraître une meilleure réponse qu’une coordination fine des différents instruments de la politique économique. Cependant, la coordination par les règles ne fonctionne que dans la mesure où les acteurs de l’arène acceptent d’en respecter l’esprit et la lettre. Et lorsqu’ils sont prêts à le faire, c’est en général parce que les règles servent bien les objectifs qu’ils poursuivent ; on peut alors penser que l’absence de règles conduirait aux mêmes arbitrages.

Cette objection est ressortie de manière récurrente dans nos ateliers de travail collectifs, en particulier sur l’organisation du secteur financier marocain. En effet si l’on considère par exemple que l’accès le moins coûteux possible au crédit pour le consommateur est comme un “bien public”, certaines règles fixées par BAM, comme le taux de marge sécuritaire imposé, rigidifient le système et permettent moins de concurrence. Mais du côté de BAM, on stipule d’abord que ce type de règle, bien que n’allant pas dans le sens de l’histoire de la libéralisation du secteur financier, facilite l’adoption des nouvelles réglementations prudentielles internationales.

Ces même réglementations, dont la plus récente, Bâle 3, est ressentie par tous comme une réponse à la crise des subprimes, posent aussi la question de la légitimité de règles si contingentes. En effet, a-t-on pu entendre, pourquoi imposer au système bancaire marocain des restrictions, faites pour pallier certains excès des banques anglo-saxonnes pouvant provoquer un risque systémique, alors que, aux dires de plusieurs experts, les banques marocaines sont toujours traditionnelles, donc résilientes et ont au contraire besoin de marges manœuvres supplémentaires pour diversifier leurs ressources ?

b. Une coordination stratégique a priori discrète

Sauf à être en mesure de préciser un ensemble exhaustif de règles contingentes, spécifiant les réponses des politiques économiques à tel ou tel événement, la notion de coordination stratégique relève davantage de la discrétion. En effet, chaque acteur (régions, secteur, groupe d’intérêt) maximise sa propre fonction-objectif, en supposant qu’il dispose pour cela d’instruments économiques et financiers qui interagissent avec ceux mis en œuvre par les autres acteurs. A ce moment, la supériorité de l’équilibre coopératif sur l’équilibre non coopératif  justifieraient - théoriquement, dans un environnement déterministe (Hamada, 1985) et plus encore dans un environnement incertain (Ghosh et Masson, 1994) - les raisons des différents acteurs de coordonner leurs politiques économiques au vu des bénéfices à attendre de la coordination.

La transcription dans le contexte marocain de ces modèles reste cependant sujette à caution... Nombre de réserves ont été émises lors de nos entretiens et ateliers de travail quant à la capacité des acteurs de l’arène marocaine à intégrer la nécessité de cette coordination discrétionnaire, pour des raisons diverses (supériorité des grandes entreprises dans l’accès au financement, groupes d’intérêts forts producteurs d’inégalités ...).

Une autre façon d’analyser le problème de l’interdépendance stratégique consiste à partir du postulat que la coordination n’est pas réalisable, et que ce sont les règles du jeu qu’il convient d’adapter de façon à ce que l’équilibre non-coopératif soit le moins mauvais possible. Les règles limitent en effet la marge de manœuvre des acteurs économiques et peuvent donc être conçues pour limiter les coûts de l’absence de coordination entre ces acteurs (sous réserve qu’ils respectent les règles). A l’inverse, la discrétion peut engendrer des coûts de transaction plus faibles (Williamson). Mais, certaines objections apparaissent aussi sur la nature même de la conception de ces règles, propres aux dires de certains experts à favoriser l’effet d’aubaine (Plan Maroc Vert) et accentuer les mécanismes de sélection adverse.

Pour mieux illustrer nos propos, nos études sur le terrain ont fait émerger comme principal élément d’antisélection dans le financement bancaire de l’économie marocaine le transfert de risque payé par les PME/TPE par rapport aux grands groupes (6% contre 4,9% de taux d’intérêt). Ce qui a été rapporté de nos ateliers de travail est que l’acteur GPBM, par une coordination discrétionnaire, maintient la position oligopolistique du secteur bancaire.

3. Coordonner les politiques macroéconomiques pour anticiper la conjoncture (nationale /internationale)   

Face au panel d’experts et d’acteurs économiques mobilisés pour nos travaux, le terme de coordination des politiques économiques était souvent entendu en premier lieu au sens macro-économique. Prises sous cet angle, les politiques économiques sont celles qui constituent les outils permettant à l’Etat d’intervenir afin d’infléchir la conjoncture principalement en ce qui concerne l’évolution de la production et du niveau des taux d’intérêt, avec un impact direct sur le financement.

Deux politiques sont à distinguer ici, la politique budgétaire, qui fixe l’ampleur des dépenses gouvernementales, et la politique monétaire, qui contrôle l’évolution de la masse monétaire au moyen des taux d’intérêt. En effet, les autorités monétaires peuvent choisir d’adopter une politique réglée qui consiste à annoncer ses objectifs (Bank of England) ou discrétionnaire qui consiste à refuser d’annoncer ses objectifs (FED). Mais indépendance ne signifie pas pour autant non-coordination, et il faut se demander sous quelle forme leur coordination serait optimale, et quels sont les bénéfices qu’elle apporterait au financement de l’économie. Un de nos experts livre le diagnostic suivant sur la conjoncture marocaine qui est confrontée actuellement au déficit de la balance de paiement et au déficit budgétaire qui ont un impact certain sur les possibilités de financement de l'économie, sur la concrétisation des objectifs des stratégies sectorielles et sur la croissance à court et à moyen terme.

Le modèle IS/LM (Hicks, 1937) ainsi que sa version en économie ouverte (Mundell et Fleming 1962) définit le point d’équilibre entre politique budgétaire et politique monétaire, tout en circoncisant les effets de chacune des politiques sur l’activité (en la liant à l’investissement). D’un point de vue monétariste comme keynésien, on s'aperçoit que les conditions d'efficacité de l'une ou l'autre politique dépend de l'efficacité de la politique adverse. Le modèle montre qu’une coordination des politiques économiques est possible. Dès lors, on peut s’interroger : une telle coordination est-elle préférable à des politiques isolées, est-elle nécessaire ? On peut se demander avec J.L Biacabe si ce n’est pas davantage « la combinaison de l’action – ce que l’on désigne sous le terme « policy mix »- qui importe […] en matière de politique économique. ».

Le policy mix au Maroc reste difficile à saisir, mais il est certain que les décisions souveraines de BAM se font en tenant compte de la situation budgétaire et de la conjoncture. De façon consensuelle, notre panel admet que la mission de stabilisation des prix de BAM ne se fait pas à tout prix, notamment en raison des coûts prohibitifs que peut engendrer une désinflation.

Mais le modèle de Hicks montre aussi que la coordination des politiques économiques implique que ces deux politiques soient ou expansionnistes ou restrictives, ou en même temps. On peut craindre alors deux types de chocs sur une économie : les chocs de demande et les chocs d’offre. Dans le premier cas, la demande baisse, ce qui entraîne une récession, et dans le deuxième cas, c’est l’offre qui ne parvient pas à satisfaire la demande.

On peut penser que la conjoncture internationale réduisant les débouchés du Maroc ainsi qu’une situation interne toujours cyclique, y compris sur le non-agricole, peut faire craindre un choc de demande. Cependant, selon certains praticiens locaux, la politique monétaire marocaine est marquée par le sceau du pragmatisme. Au sein de BAM, une démarche d’amélioration continue semble prendre le pas sur le “dogme”, limitant les risques comme les actions fortes sur l’économie marocaine. La politique budgétaire est quant à elle davantage tributaire de l’arène politique, avec les incertitudes et les incohérences que la situation actuelle peut engendrer.

Peut-on alors parler de coordination des politiques économiques budgétaires et économiques, si celles-ci ne sont pas elles même cohérentes? L’argument classique du pragmatisme opposé au dogme résiste en effet assez peu à l’examen du cas marocain, selon d’autres experts, et masque mal l’absence de politiques orthodoxes en matière de taux de change par exemple. En effet, si l’on considère la période 2004-2009 comme une période faste au Maroc, en particulier en terme d’apport de devises (effet combiné des IDE et des recettes RME et voyages), la politique macroéconomique marocaine, selon ces mêmes experts, a manqué de vision en raison même du manque de coordination entre politique budgétaire et politique monétaire. Les responsables de la politique budgétaire n’ont pas du tout utilisé l’instrument du taux de change  en restant basé sur le panier monétaire plutôt que sur un régime de change se basant sur le marché des devises comme indicateur clé. Ainsi la responsabilité de l’usage de cet instrument majeur a été laissée à la discrétion de BAM, responsable de la politique monétaire, et dont la lettre de mission est la stabilisation des prix. Toutes les raisons étaient bonnes alors pour garder un dirham fort, tout en palliant par des subventions diverses aux exportateurs.

Pourtant, lors de cette même période, la balance commerciale plongeait déjà de façon inquiétante, et la manne de devises n’a servi a posteriori qu’à masquer les déséquilibres. Ainsi, le retournement d’activité symétrique vécu depuis 2009, ne peut être à son tour amorti, comme on le constate de nos jours, ce qui fait dire aux détracteurs de cette politique monétaire qu’elle a provoqué une erreur de conduite majeure dans le pilotage macroéconomique de la conjoncture. Une raison à cela est le manque de coordination par l’absence d’un des deux acteurs, celui responsable de la politique budgétaire.

4. La coordination micro économique au niveau structurel : entre politiques sectorielles, cluters et normes

L’approche par les défauts de coordination fonde sa pertinence sur un principe: le rôle de la politique gouvernementale consiste à corriger l’économie en vue d’atteindre un bon équilibre. Selon cette conception verticale, le gouvernement peut coordonner les décisions d’investissement du secteur privé pour assurer la capacité d’infrastructure d’un secteur ou d’une économie dans son ensemble. Cependant, Hoff (2000) conteste cette idée en avançant que le gouvernement fait partie des institutions endogènes, et que par conséquent, il échoue exactement de la même manière que les marchés. Sa principale recommandation théorique pour pallier les déficiences gouvernementales est de circonscrire l’intervention afin de mettre en valeur les retombées entre les parties intéressées. Il identifie à ce propos des interventions très ciblées en termes d’innovation pour contrer les défauts de coordination.

Les principales retombées issues de notre terrain d’étude vont dans le sens de réajustements de la stratégie inspirée par le retour des théories du “big Push” (cf. objectifs du millénaire de l’ONU) adoptée à travers les différents plans sectoriels. Les efforts d’investissement doivent être consentis dans le sens du développement du marché intérieur et non d’un investissement massif dans les infrastructures. Il est ainsi recommandé d’accompagner davantage les projets d’investissements au niveau local. Les défaillances identifiées relèvent du manque de compétences managériales lors d’un montage financier, mais aussi a posteriori avec un manque de suivi et d’évaluation à 360°, et de lacunes au niveau de la mise en place d’un système de reporting précis, ce que certains qualifient de manque d’industrialisation du processus commercial. De plus, les banques s’installent dans une “zone de confort” et ne vont pas fournir d’efforts commerciaux supplémentaires pour aller vers des entreprises de moindre envergure que les grandes. (A noter que ce constat est nuancé par le fait que les banques sont des agents rationnels qui maximisent leur fonction objectif et justifient pleinement le risque payé aux petits promoteurs.)

a. Les politiques économiques interrogées à l’aune des externalités positives :

Sachs (2005) et surtout Rodrik (1996; 2004) et Rodriguez-Clare (2005) ont pointé du doigt les échecs du marché pour justifier une “nouvelle politique industrielle”, c’est à dire un big push producteur d’équilibre. Leur thèse conforte une allocation optimale des ressources aux niveaux sectoriels reposant sur des critères précis (spillovers, économies d’échelle...) sans lesquels l’interdépendance est vouée à l’échec, surtout si les effets marchés étaient laissés à leur propre jeu. Dans ce cas, une coordination produisant de l’externalité positive doit être insufflée; ces auteurs présentent parallèlement les risques des défauts de coordination.

Le postulat de départ est que les décisions touchant la production et les investissements sont interdépendantes. La productivité d’une entreprise dépend par conséquent non seulement de ses efforts, de ses capacités et de l’environnement juridique et commercial, mais également des actions menées par les autres entreprises qui ont une influence sur les infrastructures, les réglementations et la prestation des biens publics. Le problème survient quand le marché de ces biens et services sont entravées par des déficiences, liées aux économies d’échelle, des effets de profondeur du marché, ainsi que des retombées de connaissances et les ressources.

Du point de vue structurel, les choix des modèles économiques nécessitent une remise en cause d’après les experts interviewés. En effet, le “tout export”, vivement critiqué ne profite pas assez à la stimulation du marché intérieur et du tissu entrepreneurial local. Dans le même ordre d’idée, par rapport aux flux intrants incarnés par les IDE, le panel d’interviewés était en accord sur la nécessité de coordonner dans le sens d’un gain en spillovers.

La thèse de Rodriguez-Clare insiste notamment sur l’effet bénéfique d’un investissement effectué par une entreprise. Celui-ci engendre un rendement d’un investissement effectué par une autre entreprise, par l’augmentation de la demande globale générant des économies d’échelle par ailleurs. Ainsi, chaque entreprise redresserait sa situation si toutes les autres effectueraient des investissements. L’état d’équilibre est atteint grâce à ces investissements, et le marché ne peut selon ces auteurs rétablir l’état d’équilibre s’il est faible. A ce stade, une forme de coordination est nécessaire pour se déplacer vers le bon équilibre, et si l’économie stagne et demeure dans un mauvais état d’équilibre, il subsiste alors un défaut de coordination. Par défaut de coordination, il est entendu incapacité des agents à coordonner des choix : entre acteurs publics et privés, entreprises et travailleurs, instituts de recherche et  le secteur productif, et entre les fournisseurs de services et d’infrastructures et les divers secteurs. L’exemple repris a été celui des passerelles entre le secteur privé public pour le cas des médecins et des professeurs. Ces deux fonctions remplissent le même objectif, sachant qu’il existe un très large besoin, mais la coordination réglant ces deux marchés va plus dans le sens d’une préservation d’un “périmètre”, pour reprendre le terme d’un interviewé, que de la complémentarité, génératrice d’externalités positives sur ces secteurs.

Rodriguez-Clare (2005), Hoff (2000) ou encore Rodrik (2004) préconisent à ce effet un ensemble de règles formelles afin de mieux coordonner et une politique du Big Push faisant intervenir l’état en tant qu’agent économique. Par ailleurs, ils insistent sur la capacité collective de concertation au niveau local pour favoriser le développement de “grappes d’entreprises” et des chaînes de valeurs multisectorielles.

Les externalités positives seraient plus conséquentes, par la stimulation du marché intérieur notamment,  si l’on développait des clusters plus inspirés du modèle historique, le modèle italien (Bianchi, 1997). Pour rappel, selon la définition de Porter (1998, p. 226), "un cluster est une forme de réseau apparaissant dans un lieu géographique, où la proximité des firmes et des institutions assure une certaine forme de mutualisation et augmente la fréquence et l’impact des interactions”.

Dans le contexte marocain, on a récemment assisté à certains effets d’annonce, prenant parfois des libertés avec cette notion de cluster (Cf Maroc Numeric Cluster). Pourtant le Maroc a de nombreux clusters fonctionnels depuis longtemps, mais encore au stade embryonnaire, c’est à dire à l’activité limitée au marché local ou régional. Ils sont constitués d’entreprises qui sous-traitent pour des grandes entreprises, généralement situées hors du contexte local. Notons que pratiquement aucun cluster n’a été créé suite à un programme d’action spécifique. Tous ont débuté comme des mécanismes spontanés d’adaptation au marché. Cela n’a rien de rédhibitoire à leur développement. L’expérience italienne, dont le tissu industriel compétitif et extrêmement agile et basé sur la réussite de ses clusters, témoigne que cette création spontanée est bien la règle. Mais l’évolution vers des clusters consolidés (en mesure de conquérir un marché plus large et comptant davantage d’entreprises à la spécialisation accrue) traduite par l’acquisition d’une identité plus affirmée en tant que cluster se fait rare au Maroc. Il est même difficile de trouver un de ces clusters ayant atteint un stade de maturité, s’accompagnant d’une réelle capacité d’innovation, dirigée vers la production de biens de plus forte valeur ajoutée, dans la perspective d’une expansion internationale.

Ce manque d’évolution est problématique car celle-ci constitue, aux dires même de notre panel, un axe de développement “hors croissance” très important pour le Maroc et très opportun en raison de la régionalisation. Que nous enseignent les réussites dans d’autres pays, pour aider ce décollage quantitatif et qualitatif de ces structures ? D’abord, l’organisation de la production et la présence des structures institutionnelles intermédiaires favorisent toutes deux la croissance du système en encourageant l’entrée de nouvelles entreprises dans le cluster. De plus il faut mettre en place des outils financiers pour les micro-entreprises. Au Maroc, la création d’entreprises peut être facilitée par la présence de capitaux accumulés au sein des familles, tant rurales qu’urbaines (y compris issue de l’économie informelle). Sans cela, la création d’entreprises dans ce contexte, même basée sur des technologies simples, présente une réelle problématique car les ressources financières informelles sont difficiles d’accès aux ressources institutionnelles. Il y a de plus, selon l’un de nos experts, une inaptitude à collecter cette épargne au niveau local, malgré une bancarisation en forte croissance.

Mais le système financier marocain doit s’adapter et se diversifier, surtout en cas de maturité. Les clusters italiens par exemple, sont en constante évolution. Ces dix dernières années, ceux qui ont atteint la maturité avaient tendance à accroître leur niveau de concentration industrielle (par le biais de fusions-acquisitions). Cette activité bancaire est quasi inexistante au Maroc pour les clusters. Bien que l’argument avancé par les institutions bancaires soit que ces activités financières doivent être justifiées par l’existence d’un marché, la création de celui-ci passe par un nécessaire renforcement d’un environnement favorable au développement des dynamiques économiques, dont les banques sont l’acteur majeur aujourd’hui au Maroc.

b. La piste des normes sociales pour pallier les externalités négatives

Si des externalités positives jouent un effet de rééquilibrage sur le plan micro-économique, il convient de s’interroger sur  les moyens d’atténuer les effets des externalités négatives. C’est ainsi que notre recherche nous a mené à apprécier la piste des normes sociales comme levier intéressant menant vers un rééquilibre de la coopération.

Une solution pour maintenir la coordination en l’absence de motif rationnel au sens économique est l’émergence des normes, comme Kenneth Arrow l’a longuement discuté. Selon cet auteur, une norme est un objet qui émerge plus ou moins spontanément dans un marché quand celui-ci est défaillant, c’est-à-dire quand la somme des comportements individuels conduit à un résultat particulièrement inefficace.

La littérature en sciences économiques évoque notamment le cas connu des externalités de pollution. Au départ la logique proposée par PIgou pour internaliser cette externalité négative était la taxe, mais cette solution suppose que le planificateur de cette taxe ait une information précise pour établir le niveau optimal de taxation, sans parler de la complexité opérationnelle que cela générerait. Coase quant à lui permet d’obtenir cette information par la création d’un “marché” de droit à polluer, et qui a aussi le mérite d’internaliser l’externalité non plus au niveau de l’agent économique responsable de l’imposition, mais à celui des agents économiques directement concernés par la pollution à savoir, les entreprises pollueuses et les citoyens subissant cette pollution.  Le théorème de Coase ainsi énoncé ne va pas sans des hypothèses théoriques fortes, dont celle de l’absence de coût de transaction (coût de négociation et autres de coûts de participation à l’échange) et il ne contredit pas dans son application la régulation et l’organisation de ce marché par des règles gouvernementales (taxes, subventions, voire lois). C’est d’ailleurs cette logique Coasienne qui a présidé aux orientions du protocole de Kyoto, dont le Maroc est signataire, bien que le principe du droit à polluer peut en choquer certains tandis que d’autres se refusent par conviction que le marché puisse résoudre les problèmes générés par le marché lui-même.

Les normes sociales ou environnementales peuvent ainsi intervenir pour prévenir ou corriger le manque de coordination : le sentiment de culpabilité du chef d’entreprise qui dégrade l’environnement en produisant des rejets nocifs, peut partiellement ou complètement prévenir ce comportement si la désutilité psychologique pesant sur l’individu lorsque son comportement dévie de la norme est plus élevée que le surcoût, soit en l’occurrence dans l’exemple précédent le coût du traitement des rejets.

La théorie des jeux, à travers notamment le cas du dilemme du prisonnier, avance que la norme est de coopérer et, si on ne coopère pas, on devrait alors éprouver un sentiment de culpabilité. Dans le même sens, dans un groupe de travail, quelqu’un qui ne coopère pas assez avec les autres sera pénalisé : la norme sociale est de considérer les individus non coopératifs comme de mauvais citoyens qui se feront rejeter par la communauté.

Cette éventualité pourtant ne semble pas correspondre, aux dires de notre panel, à la réalité marocaine. En effet, si dans certains cas la norme pourra être suffisante afin de restaurer l’efficacité, il existe également d’autres cas dans lesquels ce processus ne fonctionne pas. En particulier, la norme sera généralement insuffisante dans les contextes où les mécanismes de concurrence économique vont avantager plus fortement les entreprises qui se conformeront le moins à la norme, puisque leurs coûts de production seront inférieurs aux autres.

Une autre difficulté qui peut survenir sur le terrain marocain avec ce concept de norme est qu’il existe fréquemment des équilibres multiples pour une raison simple et générale : si très peu de personnes polluent, le fait de le faire est d’autant plus choquant du point de vue de la norme, ce qui assure la stabilité de cet équilibre. Mais si beaucoup de personnes le font, alors la norme aura un impact faible et sera donc insuffisante, conduisant de façon stable à un équilibre avec beaucoup de comportements non coopératifs.

Cet équilibre bas, présent dans de nombreux cas entre agents économiques au Maroc, renforçait jusqu’à il y a peu, le sentiment d’inutilité de ces normes. Cependant les nouvelles conditions d’accès au marché européen (notamment les directives environnementales UE à visée protectionniste) ainsi que les incitations financières à être “green” ont changé la donne, selon de nombreux experts interrogés, créant un cercle vertueux et une prise de conscience ex post pour l’adoption de ces normes par le plus grand nombre. Ainsi la coordination peut s’opérer plus aisément de façon discrétionnaire, comme le préconise Coase et les phénomènes de non coopération exagérément considérés au Maroc tendent à se réduire.

Conclusion

Notre papier a tenté d’appréhender, d’un point de vue théorique comme empirique, les principes et la complexité  dans le réel du phénomène de coordination, du point de vue des sciences économiques. Cependant, faire l’économie de la dimension foncièrement sociologique et anthropologique de la notion de la coordination entre agents, nous semble peu réaliste, vu l’importance de ces questions sur le terrain marocain. Cela pourra constituer notamment l’objet d’une communication future.

En guise d’ouverture, nous adoptons la perspective sociologique d’Enjolras qui distingue la coordination ex ante et ex post. Si les conventions constituent la structure cognitive sociale ex ante qui permettent la coordination, cela ne signifie pas que les acteurs vont se coordonner ex post, puisque selon lui il existe différents types de conventions qui se croisent, et qui ont leurs propres échelles de domination (liées par exemple aux ordres de grandeur de Boltanski et Thévenot). Chaque acteur agit en fonction de son intérêt (ou de ses principes ou de l’identité qu’il veut exprimer, et, dans la théorie des ordres de grandeur, en fonction encore d’autres « mondes » possibles), ce qui fait que la coordination finale s’effectue en fonction de la rencontre entre les stratégies des acteurs et selon un modèle établi par la théorie des jeux.

Ce qui est intéressant dans le travail de Boltanski et Thévenot est qu’ils ont essayé de relier la perspective sociologique, selon laquelle « le lien social repose sur les règles que les individus se donnent et qui régissent leur rapports, [et qui] deviennent ‘habitudes’, ‘cultures’ ou ‘common knowledge’ et [qui] fondent le social », et l’approche économique selon laquelle « l’échange, la circulation des biens, sont à l’origine du lien entre les hommes, [et] le marché, avec ses tensions et les rapports de force qui en résultent, définit le lien social », en tentant de comprendre comment sont produits les accords et conventions autour d’une situation. D’après Boltanski et Thévenot, il faut analyser ces situations à partir des représentations des acteurs de ces situations, en comprenant bien que ces acteurs sont compétents dans l’évaluation de ces situations. Ainsi, des mondes constitués par des systèmes de valeurs différents, de communication différente, ne sauraient asseoir une compétence nécessaire à un système de règles socialement et culturellement organisé, émergeant des interactions communicationnelles, et dont le système de sens est négocié par les acteurs.

 

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[1] Cf. Douglas North