Patron d’entreprise familiale : Stressé ou Satisfait?

J’ai, dans des billets précédents, longuement évoqué l’importance des émotions dans l’entreprise familiale. En effet, celles ci dictent de nombreuses décisions tant stratégiques qu’opérationnelles, et leur bonne gestion s’avère vitale pour assurer la survie et le succès de l’entreprise familiale.

L’attribution du dernier Prix Nobel d’économie à Angus Deaton[1] ne pouvait donc pas me laisser indifférente. En effet, si celui-ci a consacré de nombreux travaux à l’étude des inégalités ou de la consommation, il s’est aussi longuement interrogé sur le bien-être. L’étude qu’il a conduite avec un autre Prix Nobel, Deaton Kahneman, et présentée auprès de la « National Academy of Sciences »[2], les amène à conclure que le bien-être émotionnel maximal est atteint lorsque les ménages américains reçoivent 75,000$ de revenus annuels. Les gains au-delà de ce seuil n’augmentent pas ce bien être émotionnel. En revanche, le degré de satisfaction quant à la vie d’un individu en général, continue d’augmenter de manière indéfinie tant que les revenus progressent.

 

Mais qu’est ce que cela a à voir avec les entreprises familiales ?

 

Le dirigeant d’entreprise familiale doit gérer au quotidien ses émotions, ses frustrations, ses peurs et ses angoisses, tant du point de vue de la survie de son entreprise, que du bien-être de sa famille, les deux composantes étaient inextricablement liées l’une à l’autre. « L’activité sera-t-elle suffisante pour financer les études des enfants ? Le responsable de l’usine acceptera-t-il de s’adapter aux innovations technologiques ? Et s’il m’arrive quelque chose que deviendront mes salariés ? Que va penser ma sœur de cette décision ?» Autant de questions qui parasitent le quotidien de ces patrons.

En partant des travaux de Deaton et Kahneman et en laissant libre cours à sa réflexion, on peut ainsi imaginer qu’il existe un seuil de chiffres d’affaires, de profits ou de dividendes ou même de maturité des organes de gouvernance, qui permette au dirigeant de maximiser son bien-être émotionnel. A ce niveau hypothétique, les sentiments d’angoisse, de peur ou de stress ressentis au quotidien seraient à leur minimum.

S’il semble difficile de déterminer ce seuil de manière universelle, il n’en demeure pas moins que la recherche de ce bien-être émotionnel maximal pourrait être un objectif intéressant pour les dirigeants d’entreprise familiale. Surtout qu’en continuant d’imaginer, on peut penser que comme les ménages, le patron émotionnellement satisfait continuera de faire avancer son entreprise pour accroître sa satisfaction quant à sa vie en général.

La question du bonheur bien sûr ne se limite pas à la situation de l’entreprise familiale, mais dans les exemples les plus fréquents, la vie de l’entreprise est tellement imbriquée avec la vie personnelle et familiale, que cette réflexion générale mérite probablement d’être menée.

 

 

[1] http://www.lemonde.fr/prix-nobel/article/2015/10/12/le-prix-nobel-d-economie-decerne-au-britannique-angus-deaton_4787769_1772031.html

[2] Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States, vol. 107 n°38, p. 16489 - 16493

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