Mon entreprise, c’est mon bébé !

Propriété Psychologique dans les entreprises familiales[1]

Les entreprises familiales sont uniques car les problématiques émotionnelles sont au coeur des réalités de l’entreprise et de la famille. Ceci s’ajoute au fait que la notion de propriété ne peut se limiter à sa dimension légale dès lors que l’on s’intéresse aux entrepreneurs. A fortiori dans les PME de première génération, caractéristiques de l’environnement économique marocain, les dimensions émotionnelles et psychologiques du dirigeant-propriétaire-fondateur doivent être prises en compte.

C’est là que la notion de propriété psychologique peut apporter sa pierre à l’édifice. En effet, dans de nombreux domaines tels que le développement des enfants, la psychologie ou la thérapie familiale, l’importance de la notion de propriété a été mise en évidence pour expliquer les comportements et les prises de décision des individus. Cette notion de propriété c’est à la fois la propriété effective et le sentiment de possession, et elle peut se résumer à la question suivante :  « Dans quelle mesure ai-je le sentiment que cela m’appartient ? ».

Les premiers travaux sur la propriété psychologique, se sont intéressés aux salariés et au sentiment de propriété qu’ils développaient vis à vis de leur poste ou de leur travail. Mais la ce sentiment éclaire aussi de manière différente la relation symbiotique qu’entretient un entrepreneur avec l’organisation qu’il a mis au monde. Le fondateur contrôle complètement l’entreprise à ce stade puisqu’il est à la fois le principal actionnaire et qu’il centralise tous les pouvoirs. Il connaît tellement bien son entreprise, qu’il la décrit comme étant «mon enfant » ou « ma maison ». Et son investissement dans l’entreprise n’est plus à prouver, et très souvent d’ailleurs cet investissement se fait au détriment de sa vie privée.

Contrôle, très bonne connaissance et investissement personnel sont les trois éléments qui donnent naissance au sentiment de propriété psychologique et expliquent en partie l’attachement particulier du fondateur.

Ces éléments pris en compte, il semble plus facile de comprendre les difficultés auxquelles sont confrontées tant les organisations que les familles qui les détiennent, lors du processus de succession d’une génération à l’autre.

En effet, comment le fondateur peut-il se séparer sans souffrance de cette entreprise qui est tout à la fois sa maison, son enfant et un prolongement de lui-même ? Ce sentiment de « cette entreprise, c’est à moi » a porté l’entrepreneur tout au long de sa carrière le conduisant à protéger et à prendre soin de son entreprise. Ainsi la séparation est d’autant plus difficile que les générations suivantes n’entretiennent pas ce même sentiment de propriété.

Pourtant, l’idée est attirante. Pour aider les fondateurs à passer la main à leurs enfants, peut être serait-il souhaitable de faire grandir un sentiment de propriété psychologique chez les plus jeunes. Cette relation entre la Next-Gen[2] et l’entreprise ne pourra que renforcer leur attachement et leur motivation. Le fondateur devrait s’en trouver rassuré !

 

[1] Pour aller plus loin : Pierce J, Kostova T & Dirks K (2001), “Toward a theory of psychological ownership in organizations”, Academy of Management Review, 26(2), 298 – 310 et Bjönberg A & Nicholson N (2012), “Emotional Ownership: The next generation’s relationship with the family firm”, Family Business Review, 25(4), 374-390.

[2] NextGen : généralement utilisé pour parler de la génération qui prendra le pouvoir dans l’entreprise familiale après le dirigeant actuel.

 

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