Laborieuses perspectives : l’interminable polémique

Les perspectives de la relance de l’emploi demeurent incertaines. La croissance au niveau mondial telle qu’elle se dessine aujourd’hui comporte  bien des paradoxes.  En ce début d’année 2014, on s’étonne aux Etats Unis  du faible niveau des créations d'emplois. Celles-ci se sont  situées  à 74 000, soit trois fois moins que prévu ; et  le score le plus faible en trois ans.  Certains experts sont suspicieux et ne croient pas à l’arrivée du beau temps, d’autres plus confiants prétendent qu’après cinq années de récession déguisée ou déclarée, c’est enfin le début de la relance.  Le cas de la France est symptomatique,  François Hollande se félicitait ces derniers jours de l’inversion de la courbe du chômage des jeunes, considérant que le nombre de jeunes chômeurs a diminué .Pour lui ce premier fléchissement  est un renversement de tendance qui va se traduire à moyen terme par une offre d’emploi de plus en plus importante. [i]Standard & Poor's estime, pour sa part, que la croissance en France et dans la zone euro en 2014 restera insuffisante pour faire reculer le chômage.  « Nous assistons à un déplacement de la croissance des pays émergents vers les pays développés, en particulier les Etats-Unis et la Grande-Bretagne", a déclaré le 14 janvier 2014  Jean-Michel Six, chef économiste de Standard & Poor's pour l'Europe. D’après lui, le ralentissement de la croissance actuellement constaté des économies émergentes s'explique par "l'inversion des flux de capitaux qui jusqu'ici finançaient la croissance et se rapatrient désormais vers les pays développés." "Les perspectives sur les marchés du travail (dans la zone euro) restent très sombres", a-t-il dit.

Coté marocain, Abdeslam Seddiki, ministre de l’Emploi garde également beaucoup de réserve. Il déclarait cette semaine à la presse  que sur la question de l’emploi  « nous ne pouvons compter uniquement sur la croissance”. Que faut-il faire alors ? D’après les estimations dit il, 1 % de taux de croissance génère 30.000 emplois en moyenne au Maroc. Mais le marché du travail connaît annuellement l’arrivée de 180.000 demandes d’emploi. Les perspectives de croissance de l’économie marocaine sont en deçà  des 6 % nécessaires  pour résorber une telle demande. Au passage, le ministre a indiqué que son département ne peut agir, dans l’immédiat, que sur les politiques actives de l’emploi existantes”, à savoir les programmes “Taehil”, “Idmaj” et “Moukawalati”[ii]. Ce sont des programmes datant de plusieurs mandats  et  qui comportent de nombreuses lacunes. “Beaucoup d’abus ont été relevés dans le cas d’Idmaj, a lui même  reconnu, déplorant que “des entreprises emploient les jeunes pendant 2 à 3 ans et les remercient par la suite”.

Quant est ce que le Maroc pourrait avoir une politique intégrée d’emploi ? Celle qui dressera une carte des besoins  sectoriels concrets pouvant contribuer directement ou indirectement au développement ? Le Conseil économique a eu plusieurs idées sur la question, il a proposé déjà au cours de 2013 dans ses recommandations sur les soins de santé de base de « créer chaque année des postes budgétaires, en nombre suffisant, pour répondre aux besoins en personnel de santé du secteur public ».Selon le CESE, le déficit en médecins au Maroc serait de 6 000 et celui des paramédicaux s’élèverait  à 9 000. Une autre estimation précise que le Maroc a besoin d’environ 15 000 infirmiers supplémentaires pour que le ratio Personnel paramédical par habitant soit optimal. Le fait qu’une telle démarche ne reçoive pas l’adhésion de tous est un exemple parmi d’autres  de la nature très aléatoire des  politiques d’emploi et des incohérences qui empêchent le Maroc  d’accéder au développement.

Leave a comment

Filtered HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Tags HTML autorisés : <a> <em> <strong> <cite> <blockquote> <code> <ul> <ol> <li> <dl> <dt> <dd>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.