Edito 16: Doublement acculés à une politique de coordination

Pour bien coordonner, il ne suffit ni de planifier avant coup, comme au temps des économies centralisées, ni d’évaluer après coup, comme le claironnent les bailleurs de fonds internationaux, champions des économies libérales. La coordination est une affaire de flux tendu, allant de la conception concertée des stratégies jusqu’à la convergence des résultats obtenus sur le terrain, à même la société. Pour comprendre nos déficits et nos avancées à ce niveau, le dossier ci-après répond largement à la question. Mais pour saisir le besoin imminent d’une telle prise de conscience et sa traduction dans les faits, il est important de réaliser à quel point nous n’avons plus le choix et ne pouvons plus nous permettre le luxe de la non-coordination. Deux raisons principales se révèlent déterminantes pour mieux le comprendre.

Primo, l’attente pressante en développement et en justice économique, remise au goût du jour avec le réveil des citoyens post-2011, a changé la donne. Dorénavant, les décideurs politiques ont des comptes à rendre sur le rendement économique global. Cela exige une agrégation de politiques cloisonnées et une coordination interplans sectoriels qui permettent une rationalisation des moyens et une optimisation des résultats. Or, que remarquons-nous à ce niveau ? Un amalgame entre coordination et évaluation, une absence de concertation préalable entre faiseurs de plans, avec ce que cela suppose comme guerre de chapelles et d’égos, et enfin, une privatisation des outils stratégiques qui réduit la force coordinatrice de la technostructure de l’État. Passons outre les défaillances plus graves au niveau de l’implémentation et des incohérences entre acteurs locaux. Le constat à ce niveau est alarmant et le retard à combler énorme.

Secundo, la gestion de la complexité du monde actuel où les logiques transnationales, régionales, nationales et locales s’enchevêtrent exige une meilleure mise en musique, donc des chefs d’orchestre et un esprit de travail à l’unisson, qui transcende les individualismes et les rentes personnelles. Or, que remarquons-nous aujourd’hui ? Une série d’intérêts verticaux, d’une ville, d’un ministère, d’une région, d’une grande entreprise, qui font vivre des projets juxtaposés. En parallèle, nous relevons l’existence de plusieurs mécanismes juridiques et réglementaires censés rattacher les uns aux autres, mais très peu d’ingénierie humaine et sociale pour faire lien dans les faits, concrètement, à partir d’une vision stratégique que chacun s’approprie à son niveau.

En somme, cela veut dire que le Maroc a grandement besoin d’une coordination politique plus efficace de son économie, pour mieux gérer la rareté, les ambitions et les pressions. Sinon, il court de risque d’une fuite en avant et d’un éparpillement qui se traduirait en chiffres de croissance, trompeurs, et masquerait à peine les frustrations et les incohérences qui s’accumulent.

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